Démarche  

Depuis 1950, sous l’effet des programmes de développement des États, l’espérance de vie moyenne a quasimentdoublé sur la planète alors que la richesse par habitant (mesurée en fonction du PIB) a été multipliée par cinq,constat qui n’intègre pas la question des inégalités. Malgré les promesses d’une économie mondiale de plus enplus découplée des ressources matérielles (et naturelles), la nature demeure au cœur de la subsistance despopulations humaines en fournissant les ressources essentielles à la vie et aux activités économiques comme lanourriture, les soins, les matières premières, l’eau, l’oxygène, les régulations climatiques et un ensemble deservices écosystémiques. Toutefois, nombreux sont les travaux récents et rapports d’évaluation qui pointent lesdépassements des limites planétaires. L’espèce humaine serait la principale cause de cette crise du vivant, quis’imbrique étroitement avec le dérèglement climatique.L’Holocène aurait laissée place à l’Anthropocène. Celle-ci réfère le plus souvent à la période actuelle du tempsgéologique où les activités humaines ont des impacts majeurs sur la biosphère et les écosystèmes planétairesgénérant au passage des transformations à toutes les échelles de nos systèmes socioécologiques et précipitantpar le fait même des reconfigurations territoriales sans précédent dans l’histoire humaine récente. En d’autresmots, l’Anthropocène propose des formes de relations particulières des sociétés humaine avec le(s) territoire (s).

L’Anthropocène proposerait une fenêtre conceptuelle plus large (intégratrice, ou point de bascule théorique!)que celle des changements climatiques (une opportunité) pour les sous-disciplines de la géographie pourrevisiter la relation humanité/nature; un des modes de lecture de prédilection des territoires de la géographieaux côtés des autres rapports espace/société et territoire/culture. Nous proposons, comme base de discussion,que l’intégration du concept d’Anthropocène aux grands débats de la géographie scientifique, permettrait d’allerau-delà des dichotomies habituelles en géographie (humaine vsphysique, qualitative vs quantitative). Cette nouvelle Ère marque la fusion irréversible de l’histoire humaine etde l’histoire naturelle. Elle fournit également un cadre d’analyse novateur pour aborder de nombreux problèmescontemporains associés à l’émergence de nouvelles trajectoires territoriales, issues de rapports humanité/ natureen constante évolution. L’Anthropocène interpelle donc directement la géographie et les géographes, et amènela discipline à redéfinir ses bases conceptuelles, ses pratiques et ses applications.

Démarche du Congrès