Autochtonisation ou néocolonialisme? Les politiques universitaires concernant les Premiers Peuples
Mon statut pour la session
Le racisme dans les universités, autant au niveau interpersonnel et social qu’institutionnel, reste un obstacle central à l’équité d’accès à l’éducation et la justice sociale pour les personnes autochtones au Canada (Bailey, 2016; Henry et al., 2017; Henry & Tator, 2009; Sylvestre, Castleden, Denis, Martin, & Bombay, 2019). Trop peu d’études adressent le vécu des personnes autochtones dans les universités, et encore moins les pratiques institutionnelles et politiques les concernant (Bailey, 2016). Jusqu’à récemment, les universités n’ont pas démontré suffisamment d’efforts pour adresser le racisme et le colonialisme de manière large, systématique et durable, particulièrement au Canada, où le déni du racisme persiste (Harper & Hurtado, 2007; Henry & Tator, 2009; Law, 2003). La montée des initiatives ‘’Équité, Diversité et Inclusion’’ dans les universités et les discours courants entourant la ‘’réconciliation’’ pourraient porter à croire que les inégalités sociales concernant les Premiers Peuples sont choses du passé et que les universités mènent le bal de ces changements, mais est-ce vraiment le cas (Ahmed, 2007a, 2007b)? Est-ce que les universités réalisent des changements significatifs au niveau institutionnel concernant les Premiers Peuples?
Méthode : Une revue systématique des politiques institutionnelles des universités au ‘’Québec’’ (19) a été exécutée avec la question : ‘’Quelles sont les politiques concernant les Premiers Peuples au sein de l’université? Quel sont leurs impacts?’’. Chaque université a été contactée par courriel afin de valider les résultats.
Analyse : Les résultats ont été analysés avec le Cadre Hollistique Autochtone (Pidgeon, 2014, 2016), qui stipule 3 conditions pour qu’une action institutionnelle soit réellement transformative : la participation avec pouvoir, des Premiers Peuples, la spécificité et l’imputabilité des actions et l’engagement de ressources financières et humaines pour réaliser les actions.
Résultats : Aucune université au ‘’Québec’’ n’a de politique institutionnelle concernant les Premiers Peuples. Deux types de plans d’action, qui représentent un niveau d’autorité moins élevé qu’une politique, ont été identifiés. Seulement 5 université sur 19 ont un plan d’action spécifique aux Premiers Peuples, alors que presque toutes les universités ont des plans d’action ‘’Équité, Diversité et Inclusion’’. De l’ensemble des universités, 1 seule respecte les conditions pour une action institutionnelle respectueuse, responsable, pertinente et réciproque envers les Premiers Peuples.