Accompagner les transitions de vie dans un monde en transformation au carrefour des histoires de vie et des pratiques rituelles

La pratique des histoires de vie s’inscrit dans une quête de sens inhérente à la nature humaine, exacerbée par certains malaises associés aux sociétés modernes - perte de liberté, primauté de la raison instrumentale et individualisme (Taylor, 1992) - et par de multiples phénomènes de changements, voire de mutations civilisationnelles sur les plan social, économique, politique, culturel, climatique, technologique, communicationnel, etc. (Mahy et Carle, 2012). C’est en écho à ce contexte que nous avons vu évoluer et se développer les histoires de vie et d’autres approches biographiques et narratives en recherche, en formation et en intervention (Goodson et coll., 2016).

Cette constante transformation du monde, évoquée par la thématique de ce colloque, se manifeste dans nos façons de penser et de mettre en œuvre les histoires de vie en recherche, en formation et en intervention. Nous ne portons pas la prétention de répondre à la question posée par les organisateurs, à savoir si l’approche biographique peut encore se targuer d’une autonomie méthodologique totale (Bertaux, 2016) ou si, à l’instar de Thomas et Znaniecki, il pourrait s’avérer plus heuristique de combiner différentes approches, méthodes et techniques. Néanmoins, nous constatons qu’en réponse à l’évolutivité des contextes, des problématiques, de la connaissance et des pratiques d’accompagnement du changement, nous avons vu se développer différents croisements féconds dans plusieurs milieux dont par exemple avec des pratiques artistiques (Formenti, 2014, 2016; Morais, 2012, 2015), somato-pégagogiques ou psycho-phénoménologiques (Gauthier 2019; Léger, Rugira, Gauthier et Lapointe, 2012; Rugira et Léger, 2012).

Plus récemment, en tant que formateurs, chercheurs et accompagnateur de changement dans les domaines de la psychosociologie et du travail social, nous avons fait le constat de la pertinence sociale et disciplinaire de ramener au centre de nos préoccupations les rapports au corps, à la communauté, à la nature et au sacré (Macy et Brown, 2016) et de re-questionner les liens entre individu/groupe/société/histoire (Wiewiorka, 2017). Les pratiques rituelles, inspirées des connaissances issues des sociétés traditionnelles et considérés comme « actes sociaux performatifs » (Wulf, 2005), ont été identifiées comme des pratiques pertinentes pour contribuer à soutenir le sujet en transition dans les défis bioécosystémiques (Bronfenbrenner, 2005) et la complexité de sa transformation.

Quatre études de ces pratiques seront présentées dans le cadre de ce symposium en vue de questionner et de comprendre leurs apports, limites et enjeux dans l’accompagnement du changement et leur articulation avec les pratiques d’histoires de vie en formation et en recherche.