Cartographier les récits

Les récits ne se localisent pas toujours facilement et précisément dans l’espace et à fortiori sur les cartes. Bien que les récits soient souvent ancrés dans l’espace, ils s’y déploient souvent de manière non euclidienne et non chronologique au gré des souvenirs, des silences, des réflexions et des questions qui les nourrissent et les structurent. En cela les dimensions spatiales floues, complexes et fluides inhérentes aux récits se transposent souvent mal dans le langage cartographique conventionnel bien souvent organisé autour d’objets clairement identifiés pouvant être localisés précisément, par exemple à l’aide de marqueurs posés sur des cartes Google. La mise en carte des récits est donc un exercice complexe qui nécessite une réflexion méthodologique approfondie et des solutions graphiques qui dépassent les standards cartographiques conventionnels.

Dans ce symposium nous proposons d’aborder cette question de la représentation spatiale des récits à travers une palette d’exemples originaux de mise en cartes de différents types de récits. Ces exemples inclus la mise en cartes de récits de mort en contexte de migration (José Alavez), la représentation spatiale de récits de flaneurs et de leurs expériences urbaines intimes (Annita Paris) et la cartographie de récits de vie de réfugiés rwandais à l’aide d’une combinaison de formes cartographiques conventionnelles et sensibles (Élise Olmedo). Ces différents exemples conçus et développés au sein du Geomedia Lab de l’université Concordia (http://geomedialab.org/) démontrent la richesse et la diversité des possibilités offertes pour cartographier les récits, ainsi que l’importance que ces différents types de cartographies peut revêtir dans des domaines aussi variés que l’histoire orale, les études urbaines ou l’analyse spatiale et narrative.

Ce symposium commencera par une brève revue des différentes formes de cartographies de récits existantes suivie d’une analyse critique de leurs limites et de leurs potentialités. Cette introduction générale sera suivie des différentes présentations mentionnées précédemment qui permettront d’ouvrir une discussion sur les possibilités et enjeux liés à la cartographie des récits. Par ailleurs, il est proposé de coupler ce symposium à un atelier pratique d’utilisation du logiciel libre Atlascine dédié à la cartographie des récits. Cette combinaison des aspects théoriques et pratiques de la mise en carte des récits vise à générer des débats et des réflexions sur le rôle de la carte dans le processus de mémoire et d’étude des récits.