3- Entre multiples espaces et multiples identités : Regard sur la musique de l’Ontario français - Eugénie Tessier, Université d’Ottawa

Les travaux sur la culture franco-ontarienne portent une attention particulière sur la relation qu’entretiennent la « langue » et la « place » au sein du discours sur l’identité (Boissonneault, 2001; Denis, 2001; Pelletier, 2009). Johanne Melançon (2010) est la seule chercheuse s’étant intéressée aux textes des chansons d’artistes franco-ontariens de 1970-2000 pour souligner l’utilisation de patois régionaux et l’identification d’espaces géographiques dans la construction de l’imaginaire musical franco-ontarien. Cependant, en ne questionnant pas l’homogénéité de son groupe d’étude, étant majoritairement constitué d’hommes blancs issus des régions rurales du nord de l’Ontario, et n'accordant aucune considération pour la marginalisation des femmes et des personnes racisées durant cette époque (Denis, 2001), ce travail a pour effet d’approfondir l’appropriation du discours identitaire par la micromajorité (Cardinal, 2006). Réintégrer les contributions d’artistes doublement-minoritaires dans le discours universitaire peut transformer notre conception de l’identité franco-ontarienne. En complémentarité au travail de Melançon et en visant l’actualisation des recherches sur cette question, ce travail s’inspire des théories de la mémoire collective (Misztal, 2003; Strong, 2011) et des études géoculturelles (Watson, 2017) pour analyser les chansons d’artistes doublement-minoritaires depuis l’an 2000. Des musiciens, comme Yao et Tricia Foster, nous permettent de complexifier notre compréhension de l’identité telle qu’elle s’exprime dans l’industrie musicale contemporaine. Cette recherche pose un regard critique sur les liens existant entre les perspectives historiques de l’identité et les positions postnationales émergeant de ces réflexions. Finalement, elle explore le rapport complexe des productions culturelles issues de milieux urbains et ruraux dans la construction identitaire commune.