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09.30  Pour une interface anthropologie-sémantique linguistique autour d’un objet transdisciplinaire : le patrimoine comme argumentation de soi et du monde.

Deux interrogations organisent notre réflexion et la recherche que nous menons sur le patrimoine. La première porte sur les fonctions sociétales du patrimoine : fonction identitaire et/ou discriminatoire des sociétés dans leur parcours historique et dans le contexte actuel marqué par le processus de mondialisation, fonction de catalyseur de l’action et des interactions des communautés, ou phénomène anthropologique qui leur est imposé, ou enfin symptôme d’une volonté partagée d’adhésion à une identité collective et de projection dans l’avenir. 

Notre seconde interrogation concerne les liens qui existent entre ces fonctions et les discours qui « disent » le patrimoine et les objets matériels et immatériels qui le composent. 

La thèse que nous défendons ici est double : 

(1) Nous posons que les discours et les mots mobilisés pour dire le patrimoine remplissent des « fonctions patrimoniales » : d’attribution de valeurs identitaires à des objets matériels et immatériels, d’argumentation des identités collectives à travers la description de ces objets, de leur histoire et de leur place dans la vie de la société. 

(2) À partir de ce postulat, nous faisons une double hypothèse selon laquelle : 

 -le sens et les valeurs que les discours attribuent aux objets patrimoniaux (esthétiques, pragmatiques, intellectuelles, historiques, valeurs liées à la doxa de l’identité collective) sont dynamiques : ils associent de nouvelles représentations aux objets patrimoniaux et à la notion même de PATRIMOINE, tout en préservant les indicateurs essentiels de l’identité collective et cette dynamique se retrouve dans le cinétisme « des mots du patrimoine » ; 

- les discours sur le patrimoine sont ainsi représentatifs de la révision du monde social par le langage et en même temps de la régénération des significations des mots pour dire ce monde et de ce fait ils jouent un double rôle : de traçabilité, mais également de régénération, voire de reconstruction et de projection dans l’avenir de cette identité collective, d’une part, de renouvellement du patrimoine sémantique de la langue, d’autre part. 

 

Dans cette perspective, l’objet patrimonial devient un objet transdisciplinaire, relevant en même temps de l’étude anthropologique d’un territoire et de l’analyse sémantique des désignations des objets qui servent à le définir et le caractériser à travers deux grands groupes de discours : 

 -les discours qui servent à déclarer, à décrire, à argumenter et à défendre les valeurs et le sens attribués aux objets patrimoniaux : discours constituants (du processus de patrimonialisation), discours savants, discours professionnels qui élicitent certains objets comme appartenant au patrimoine, auxquels s’ajoutent les discours lexicographiques qui posent et expliquent les significations des mots qui les dénomment/désignent, significations largement partagées par une communauté linguistique ; 

 -les discours des « usagers du patrimoine », qu’il s’agisse de personnes qui revendiquent ce patrimoine ou de personnes qui l’approchent « de l’extérieur », avec une visée de « consommation » culturelle. 

 

Pour expliquer et illustrer ces deux formes simultanées de manifestation de l’objet patrimonial (objet matériel ou immatériel et objet discursif), nous nous situons dans un cadre théorique linguistique susceptible de rendre compte de la partie la plus stable du sens attribué au concept même de patrimoine d’une communauté et aux objets patrimoniaux à travers les mots qui les nomment, et de leur partie cinétique, ancrée dans l’évolution historique de la culture de cette communauté. Notre cadre théorique, la sémantique des possibles argumentatifs, nous permettra de proposer des représentations sémantiques et conceptuelles de la lexie « patrimoine culturel ». La confrontation des discours nous permettra de faire apparaître les congruences et les différences de la conceptualisation du PATRIMOINE. Nous pensons pouvoir ainsi conforter l’hypothèse de l’ancrage culturel de la conceptualisation non seulement des objets patrimoniaux, mais du statut même de l’objet patrimonial. 

Participant
Université de Nantes, laboratoire CoDiRe EA 4643
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