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09.10  Cartographier les temps de transformations urbaines

En décembre dernier, l’Agence nationale de la rénovation urbaine (ANRU) a adopté la liste des Nouveaux Programmes de rénovation urbaine (NPNRU) en France. Deux cents quartiers, choisis au niveau national, annoncent une nouvelle décennie de transformation (2014-2024) ; 24 des 58 projets retenus pour l’Île-de-France sont situés en Seine-Saint-Denis, qui s’avère ainsi l’un des départements bénéficiant le plus de cette politique. Les NPNRU prolongent donc les 490 Programmes nationaux de rénovation urbaine (PNRU) lancés en 2003. Ces programmes œuvrent dans la majorité des cas sur des quartiers construit dans la deuxième moitié du vingtième siècle. 

L’architecture de l’après-guerre fut le lieu d’expérimentations. Parmi les architectes de cette époque, Émile Aillaud a essayé de donner une alternative aux grands ensembles en s’opposant au fonctionnalisme. Ses projets, conjugués au futur, dessinent une architecture pionnière avec des caractéristiques formelles et paysagères en utilisant une nouvelle technologie, celle du préfabriqué. Quelques années plus tard jusqu’à nos jours, les projets de réhabilitation se multiplient. Au cœur de ces transformations, un processus nouveau commence à prendre place dans le débat. Le label « Patrimoine du XXe siècle » est créé en 1999 pour faire face à la démolition de ces lieux. Un statut sans aucune valeur juridique, peu connu des habitants, mais qui permet une certaine reconnaissance au niveau institutionnel. 

Dans ces différentes temporalités, qu’est-ce que le patrimoine a changé ? Comment un processus de transformation s’articule ou non avec celui de la patrimonialisation ? 

En partant de l’hypothèse que le processus de patrimonialisation est un outil de transformation urbaine face à la normalisation des démolitions lancées par les PNRU. J’ai choisi pour ma recherche doctorale en cours deux terrains d’études : la cité des Courtilières à Pantin et la cité de l’Abreuvoir à Bobigny. Les deux quartiers ont reçu le label « Patrimoine du XXe siècle » en 2008. Ils serviront de catalyseurs pour déconstruire les imaginaires formés depuis des années autour de ces quartiers en s’interrogeant sur la lecture de l’histoire au présent afin de « défamiliariser et restructurer l’expérience que nous avons de notre présent ». Comment articuler les trois temps, passé, présent et futur, de façon à repenser la transformation d’un territoire et sa mise en valeur ? 

Pour ce faire, il faudra mettre chaque projet dans son contexte temporel. Les cas d’étude seront transformés en machines à remonter le temps pour dessiner une cartographie. Cette cartographie du temps veut raconter une histoire non linéaire de ces lieux en superposant différentes lignes de temps, chacune représentant un acteur. Entre mémoire des archives, récits des habitants, paroles d’architectes, de décideurs, développement de la politique de la ville et observation ethnographique, cette analyse permettra de décrire le fait temporel de la transformation en croisant les notions de l’héritage, de l’imaginaire du futur et les modes d’habiter dans cette véritable machine à temps que sont les grands ensembles. 

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