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14.00  L’action patrimoniale dissonnante à Chiangmai (Thaïlande) : Normes, projets de conservation et pratiques alternatives territorialisées

Quoi:
Paper
Quand:
13:30, Samedi 4 Juin 2016 (30 minutes)
Où:
UQAM, pavillon J.-A. De Sève (DS) - DS-M260 - SALLE ANNULÉE
Comment:

En Thaïlande, la notion de patrimoine émerge à la fin du dix-neuvième siècle sous l’angle de l’héritage architectural avec l’apparition de la notion de monument utilisée pour soutenir la construction de l’identité nationale. Les notions de « monument historique » (Boran Sathan) et de « ville historique » (Mueang Prawattisāt) font ainsi l’objet d’une attention soutenue depuis les années 1980. En 1977, le gouvernement lance le premier projet de restauration d’une ville historique, Sukhothai, en vue de son inscription sur la Liste du Patrimoine mondial. En 1985, le Département des beaux-arts – institution nationale chargée de la protection du monument patrimonial – publie la réglementation de conservation, dans laquelle est intégrée la conception de la Charte de Venise. Dès lors, les projets de conservation figurent parmi les missions prioritaires du gouvernement afin de promouvoir le tourisme domestique et international. 

Notre cas d’étude, Chiang Mai, deuxième ville en importance de Thaïlande et capitale de l’ancien royaume de Lanna, connaît des transformations spectaculaires du paysage urbain, avec notamment l’édification de tours à proximité du centre historique pendant les années 1990. En réaction à la crainte d’une perte de l’identité locale consécutive au processus de modernisation, les habitants et les association civiles – architectes, urbanistes, universitaires et artistes – interrogent et remettent en cause les dispositifs théoriques et opérationnels diffusés et imposés par les institutions patrimoniales ainsi que les périmètres d’intervention limités aux monuments religieux, royaux et aux sites archéologiques – emblèmes associés à la trinité « nation, religion, monarque » de l’identité nationale thaïlandaise. 

Des polémiques autour des projets de conservation architecturale et urbaine à Chiang Mai montrent que la focalisation sur le patrimoine national « moradok chart » exclut le patrimoine populaire local « moradok chumchon » du centre historique, marqué par la continuité de pratiques quotidiennes et territorialisées des habitants. La reconnaissance d’un patrimoine local par des associations civiles et leurs pratiques alternatives de conservation dans la ville historique de Chiangmai provoquent un renouvellement des pratiques professionnelles et du lexique patrimonial. La revendication de ces acteurs locaux porte par exemple sur la traduction de l’expression « patrimoine intangible ». Reliant cette expression aux idées de phūmpanyā (sagesse) et de khwām cheūa (croyance), ceux-ci construisent des discours hybrides puisant dans les conceptions du sacré et du lien social. 

Dans une perspective historique, l’intervention montrera la pluralité et les dissonances des registres linguistiques des mots désignant le patrimoine en thaï selon les acteurs (institutions gouvernementales, associations civiles, habitants). Elle mettra l’accent sur la dimension innovante des actions et des projets de conservation menés par des associations civiles et sur leurs enjeux sociopolitiques.

Participant.e
Institut de recherche pour le Développement (IRD), UMR PRODIG
Chargée de recherche
Participant.e
UMR AUSser « Architecture, Urbanistique, Société : savoirs, enseignement, recherche » - CNos - Ecole d'architecture de Paris-Belleville
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