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Nations, sites archéologiques et autochtones au Maghreb

Quoi:
Paper
Durée:
30 minutes
Comment:

Que change la mise en patrimoine de sites archéologiques maghrébins classés par l’UNESCO comme « Patrimoine de l’humanité » pour les habitants de ces lieux ? Carthage, Dougga, El Jem, Volubilis, Tipasa ou Djemila sont aujourd’hui célèbres pour le caractère exceptionnel de leur splendeur passée. Or, avant de devenir des sites archéologiques reconnus comme tels par les instances tour à tour coloniales, nationales et internationales, il s’agissait de villages arabes. Ces métamorphoses ne se sont pas faites sans heurts : villageois et autorités scientifiques, soutenues politiquement, avaient bien sûr des intérêts fort divergents. Les premiers voulaient conserver leur demeure et leur terre, maintenir en vie leur hameau agricole, tandis que les seconds voulaient, par leurs recherches, mettre au jour des villes mortes qui, finalement, sont bien nées. Cette situation, qui n’a rien d’exceptionnel, constitue pourtant un angle mort des recherches en sciences sociales. 

En croisant les apports de la littérature sur l’UNESCO, sur la thématique du patrimoine habité et sur les études patrimoniales relatives au Maghreb, nous proposons d’analyser, à partir de sources variées (archives, production savante, entretiens, enquêtes sur sites), les effets locaux concrets d’un processus d’exploration scientifique doublé d’une patrimonialisation. Nous nous intéressons donc à une série d’interrogations portant sur la manière dont ce type (re)naissance a été vécue par les habitants des lieux, sur le rapport des autochtones à l’archéologie (souvent des plus ambigu : à l’origine de leur éviction de leur chez-eux mais pourvoyeuse d’emplois), aux ruines (rapport pragmatique aux pierres ; fréquentation du site pour des raisons de subsistance – pacage de troupeaux – mais aussi religieuses car sur chaque site existe le mausolée d’un saint patron local) et à l’Antiquité (complexité du statut du passé antéislamique dans le Maghreb contemporain – survalorisé, de surcroît, à l’époque coloniale), ou encore sur les résonances et les implications locales d’une glorification du passé prônée aux niveaux national et international (légendes et croyances très décalées des grands récits historiques officiels), de même que les processus de redéfinition identitaire liés aux effets retours du développement touristique (invention de généalogies, fabrication de faux-authentiques, trafic d’antiquités etc.). 

Participant.e
FNRS/UCL
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