Bélugas (Delphinapterus leucas) en rivière : effets pathophysiologiques possibles d’une exposition prolongée en eau douce
Mon statut pour la session
Émilie L. Couture, Rozenn Le Net, Robert Michaud, Véronique Lesage, Sarah Wund, Stéphane Lair
L’aire de répartition annuelle du béluga du Saint-Laurent comprend des zones salines de l’estuaire maritime et du golfe (31-35 usp) et la zone polyhaline de l’estuaire moyen (18-30 usp). Des incursions régulières en eau douce ou saumâtre (0-17 usp) comme les embouchures de rivière (Saguenay) sont également fréquentes chez cette espèce, particulièrement l’été. Elles serviraient des fonctions biologiques sociales, d’alimentation, de mise-bas et probablement de mue cutanée, les températures chaudes et la faible salinité de l’eau favorisant ce processus annuel. Ces incursions en eau douce sont habituellement de courte durée (quelques heures à quelques jours). Toutefois, des incursions prolongées, et pouvant être associés à des effets adverses notables, ont été rapportées sporadiquement chez le béluga.
Nous présentons ici quatre incursions en eau douce de bélugas du Saint-Laurent ou de l’arctique (n=1 à 3 individus), d’une durée variant de 1 à 5 semaines. Des changements dégénératifs cutanés sont typiquement associés à ce type d’incursion et peuvent prédisposer à des infections secondaires. De plus, des changements électrolytiques marqués peuvent résulter d’une exposition aussi courte que deux semaines à l’eau douce. Un des bélugas ayant séjourné au moins 2 semaines en eau douce (Rivière Nepisiguit, NB, 2017) a été capturé et retourné dans l'estuaire du Saint-Laurent, et a survécu au moins une année entière. Une hyponatrémie importante, notamment, peut mener à une dysfonction des systèmes rénal et nerveux central. Bien que pouvant mener à des complications fatales, les altérations cutanées et électrolytiques suivant une exposition prolongée à l’eau douce sont vraisemblablement réversibles suite à un retour volontaire ou assisté dans un environnement salin approprié. La présence d’une condition sous-jacente indépendante de l’exposition à l’eau douce et affectant le pronostic vital de l’animal doit toutefois être considérée lors de l’élaboration d’un plan d’intervention.