L'autodétermination et l'autonomie gouvernementale sont des aspects essentiels des revendications autochtones au Canada. De nombreuses nations s'emploient activement à reconstruire leurs institutions et à faire valoir leurs propres lois, notamment en négociant des traités et des ententes d’autonomie gouvernementale avec la Couronne.  Le contenu et la portée de ces ententes varient alors qu’elles peuvent traiter de plusieurs compétences partagées ou exclusives; notamment les structures de gouvernance, l'éducation, la santé, l’administration de la justice et la gestion des ressources naturelles. Pour l’instant, la Nation Crie de Eeyou Istchee possède la seule entente sur l’autonomie gouvernementale au Québec, mais de nombreux projets sont en négociation. 

Dans cette communication, nous proposons d’analyser la quête d’autonomie de la Nation Naskapi de Kawawachikamach. Signataires de la Convention du Nord-Est québécois (1978), les Naskapis sont l’une des trois nations qui bénéficient d’un traité moderne au Québec. S’ils possèdent des droits issus d’un traité qui sont reconnus et confirmés par la Loi constitutionnelle de 1982, leurs revendications englobent cependant un vaste territoire traditionnel au Québec et au Labrador sur lequel ils affirment leur présence. Relativement peu présents dans la littérature scientifique, on ne sait encore que peu de choses sur leur projet d’autonomie, leurs aspirations, et de quelles façons ils négocient leur autodétermination dans les structures créées par la Couronne ainsi que par la mise en œuvre des traités dans le Nord-du-Québec.  

Cette communication contribuera conséquemment à mieux saisir les défis de la mise en œuvre de la Convention du Nord-Est québécois et les perspectives naskapies sur celle-ci. Elle identifiera les institutions de gouvernance dans lesquelles la Nation Naskapi affirme son autodétermination et questionnera de quelles façons ces institutions s’approprient/ s’adaptent aux valeurs et à la culture naskapie. Elle mettra également de l’avant comment s’articule les projets d’autonomie de la Nation Naskapi dans une région caractérisée par une incertitude territoriale entre le Québec et le Labrador ainsi que la proximité de revendications territoriales innues et des titres autochtones reconnus des Naskapis, des Inuits du Nunavik et des Cris d’Eeyou Istchee.