Depuis 2010, le Canada appuie officiellement l’autodétermination des peuples autochtones à travers la signature de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Le gouvernement du Québec salue ce geste, affirmant que la Déclaration contribuera à promouvoir et à protéger les droits des peuples autochtones. Ainsi, les institutions gouvernementales marquent le souhait d’engager un processus de réconciliation. Les différentes commissions et l’actualité médiatique encouragent aussi un momentum de conscientisation. 

Aujourd’hui, la question des leviers de changement pour favoriser des relations plus harmonieuses devient centrale dans le paysage social. Un des leviers identifiés est la reconnaissance de l’histoire des peuples autochtones. Se pose le défi de l’intégrer dans une histoire collective et de la transmettre. De ce fait, l’école prend une place cruciale pour atteindre cet objectif. L’enseignement de l’histoire devient un des vecteurs de ce changement et l’enseignant en est son agent. Pourtant, peu d’attention est portée à leur point de vue et expérience. 

Cette étude concerne l’expérience des enseignants d’histoire à propos de la transmission de l’histoire des peuples autochtones au sein de l’histoire du Canada, au Québec. Les objectifs sont de (1) mieux comprendre leurs réalités des enseignants pour documenter ce qui se passe sur le terrain et (2) dégager des pistes d’action pour favoriser la transmission adéquate de l’histoire des peuples autochtones.

Ce projet de recherche comporte l’analyse de 12 entrevues d’enseignants d’histoire du secondaire et l’analyse des manuels d’histoire actuellement en circulation. Concernant les manuels, le but est de documenter le contenu, sa quantité et sa qualité à propos de l’histoire des peuples autochtones. Cette analyse permet de lier le programme institutionnel de l’histoire au travail des enseignants en portant un regard sur leurs outils. Les entrevues quant à elles, ont abordé le contexte d’enseignement de l’histoire des peuples autochtones, le contenu transmis et la manière dont il est transmis. L’analyse et l’intégration de ces deux dimensions est en cours.

Cette présentation propose une discussion sur les résultats préliminaires et la manière dont l’autochtonisation des savoirs s’incarne ou non dans les réalités des enseignants d’histoire au secondaire. 

Nous regarderons les outils suggérés aux enseignants au travers du matériel pédagogique. Les manuels d’histoire offrent une grande diversité dans la quantité et la qualité des contenus concernant l’histoire des peuples autochtones. Certains bénéficient d’une approbation par le ministère. Nous ferons un bref état des lieux. 

Dans un second temps, nous nous pencherons sur les résultats préliminaires des entrevues. Ils suggèrent une transmission partielle, fragmentée et stéréotypée de l’histoire des peuples autochtones. De plus, les complexités du milieu de l’éducation et l’absence physique d’élèves et enseignants autochtones rendent difficile pour les enseignants allochtones de considérer cette transmission comme prioritaire. La variabilité individuelle et l’engagement de l’enseignant sont également des facteurs à prendre en compte sur la manière dont ils transmettent l’histoire. 

Pour finir, les enseignants ont nommé des facteurs facilitants et des pistes de solutions. Nous ouvrirons la discussion avec l’auditoire sur ces propositions et comment soutenir leurs réalisations pour tendre vers un monde plus juste.