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Décoloniser l’environnement numérique. Variations autochtones sur l’ontologie, le droit et la gouvernance des données

Quoi:
Conférence
Quand:
2:10 PM, Lundi 2 Mai 2022 (20 minutes)
Où:
Musée McCord - Atrium
Comment:

L’avènement de nos sociétés numériques induit un renouvellement et une amplification des revendications des peuples autochtones. En effet, par-delà ses diverses réalisations et promesses, l’environnement numérique devient le théâtre de nouvelles formes d’extractivisme, où États et entreprises privées s’accaparent la valeur de la donnée, souvent à des fins rentières ou (bio)politiques. Ces velléités néocoloniales hantent les populations historiquement marginalisées, dont les peuples autochtones. Comment assurer dignement l’inclusion de ces peuples dans la data-sphère, suivant une démarche qui leur restitue leur agentivité, à contre-courant des récits défaitistes qui les réduisent à l’état de sujets passifs ?


 

Le mouvement transnational baptisé Indigenous Data Sovereignty1 (IDS) offre à cet égard de nouvelles perspectives d’autochtonisation de l’environnement numérique, en affirmant le « droit des peuples autochtones à déterminer les moyens de collecte, d’accès, d’analyse, d’interprétation, de gestion, de diffusion et de réutilisation des données provenant des ou relatives aux peuples autochtones ».  L’autochtonisation passe ici par la décolonisation des régimes de savoir et de pouvoir qui sont associés à la data-sphère. Nous proposons de discuter trois opérations critiques effectuées par l’IDS pour parvenir à la décolonisation/autochtonisation de l’environnement numérique.


 

1) La première opération critique porte sur le statut ontologique de la donnée. Contre une certaine définition restreinte de la donnée qui la voudrait nécessairement numérique, l’IDS adopte une définition large, faisant de la donnée autochtone « des données dans une grande variété de formats, y compris les données numériques et les données en tant que connaissances et informations »


 

2) Une fois délimité le périmètre de la donnée autochtone, la seconde opération critique concerne le droit qui y est applicable. À contre-courant d’une approche stato-centrée du droit, l’IDS interroge le discours juridique positiviste, en dessinant des formes nouvelles de hiérarchisation et d’interprétation des normes.


 

3) Une fois clarifié le droit applicable à la donnée autochtone, il n’est guère question de laisser le monopole de son application aux seuls allochtones (États, entreprises...). La troisième opération critique consiste donc à poser la nécessité d’une gouvernance autochtone de la donnée (Indigenous Data Governance), à même d’assurer la prise en compte effective des visions, valeurs et intérêts des peuples autochtones dans la data-sphère.


 

Pour conclure, nous envisagerons dans quelle mesure ces variations autochtones sur l’ontologie, le droit et la gouvernance des données sont-elles porteuses d’alternatives épistémiques et politiques pour penser l’avènement d’un monde numérique plus juste.

Conférencier.ère
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Étudiant au doctorat en droit
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