Émergences des voix autochtones entre passé et présent. Décoloniser les savoirs à travers l’art
Mon statut pour la session
Dans ma présentation, j’entends discuter la question de l’autochtonisation des savoirs (troisième axe) en partant de l’histoire des arts en Nouvelle-France et cela, à travers trois axes de discours. La définition de « décolonisation » ne faisant pas l’unanimité, le premier axe concerne la « colonisation » en contexte nordaméricain, notamment la condition particulière des colonies françaises (« Nouvelle-France ») et le statut des communautés autochtones de la vallée du Saint- Laurent dès l’arrivée des premiers colons jusqu’au 18e siècle. Plus précisément, il s’agira de pointer l’impact de la colonisation sur les savoirs de cette époque (ethnocentrisme occidental, regard dominant sur le monde, « nature » à exploiter, peuples à « civiliser » etc.), et l’interprétation des sources historiques réalisées par des agents du régime colonial (archive, littérature, carte, etc.).
Le deuxième axe porte sur des questions méthodologiques, afin de mettre en perspective des approches en sciences humaines qui permettent de pallier le problème de l’invisibilisation et la marginalisation des personnes colonisées en croisant les perspectives autochtones et allochtones (global studies, études comparées, histoire mondiale). Il s’agira dès lors de circonscrire un corpus d’objets artistiques, réalisés ou coréalisés par des Autochtones durant la période coloniale et aujourd’hui conservés dans les musées ou découverts sur des sites archéologiques. Ces objets, recoupés sous le concept d’image, permettent d’adopter une nouvelle perspective sur l’histoire de la Nouvelle-France et seront appréhendés selon différentes facettes : forme de mémoire autochtone, moyen de communication entre les communautés et médium artistique en dialogue avec différentes techniques et iconographies.
Enfin, il s’agira de mettre en relief des dispositifs contemporains de présentation des arts autochtones réalisés durant la période coloniale dans la muséologie et l’art contemporain autochtone de nos jours. Cette conclusion instaurera un jeu de regard entre des objets autochtones parfois très anciens et des dispositifs contemporains. Il sera question de montrer que notre vision du passé n’est pas une donnée figée, qu’elle dépend du regard sur le présent et, par conséquent, que les visions autochtones qui émergent des arts participent pleinement du mouvement de réinvention des imaginaires coloniaux et du renouvellement de la recherche universitaire vers une décolonisation et une autochtonisation des savoirs.
Cette conférence se déroulera via Zoom.