PAr

Luc Renaud 

et 

Bruno Sarrasin

La région du Haut-Maroni en Guyane française, laquelle n’est accessible que par pirogue ou avion, est un espace habité de faible densité soumis à un régime de gouvernance dont le centre de décision se trouve à plus de 7300 km, en métropole. Il s’agit d’un territoire dont la nature périphérique est à la fois géographique et politique par son éloignement des lieux de pouvoir et de communication. La mise en place d’un parc national dans cette région en 2007 est le fruit de plus de 10 ans de négociations rendues nécessaires aux vues des difficultés à établir un protocole de cogestion territorial avec les habitants locaux, les Autochtones Wayana et les Bushinengués Aluku. Aujourd’hui, dans le contexte de la renégociation de la Charte du Parc amazonien de Guyane (PAG), la prise en charge initiale du territoire axée sur la préservation des ressources naturelles et sur la protection du territoire face à l’orpaillage illégal s’accompagne de nouveaux processus de territorialisation liés aux pratiques émergentes du tourisme. De très faible intensité, mais appelées à s’intensifier, les pratiques touristiques du Parc amazonien de Guyane s’insèrent dans une stratégie de développement économique locale mise de l’avant par différents groupes de décideurs métropolitains et guyanais. À travers une approche épistémologique critique en géographie sociale, notre proposition vise à mettre en évidence le rôle du PAG et des réseaux d’acteurs périphériques dans les processus de territorialisation touristique de l’espace de vie des populations locales. Nous cherchons à mieux saisir, à travers le filtre territorial d’un régime de gouvernance d’une aire protégée, la nature dynamique des tensions qui existent entre les processus de production globale d’espaces touristiques et ceux reliés à la prise en charge territoriale de leurs espaces de vie par les populations locales. Notre objectif vise à outiller les acteurs locaux à une meilleure prise en charge territoriale.