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Walner Osna Titre : Projet touristique Destination Ile-à-Vache : le foncier comme enjeu de la résistance paysanne

Quoi:
Talk
Quand:
11:00 AM, Lundi 21 Juin 2021 (30 minutes)
Où:
  Session virtuelle
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Comment:

Projet touristique Destination Ile-à-Vache : le foncier comme enjeu de la résistance paysanne

par

Walner Osna

Dans le cadre de la mise en tourisme de l’Ile-à-Vache, un arrêté présidentiel a déclaré l’ile zone réservée au développement touristique en mai 2013. En même temps, cet arrêté exige que l’occupation de l’espace soit conforme aux dispositifs pris par le gouvernement pour faire de cette commune une destination touristique dans la Caraïbe. En plus, il affirme que toute construction sur l’île doit trouver approbation du ministère du Tourisme et doit répondre à la vocation de de l’ile définie par le gouvernement (art.8). Un tel projet qui avait prévu de grands chantiers tels que construction d’aéroport international et de chaines d’hôtels, de routes… soulevait des enjeux fonciers. Or, Ile-à-Vache est une commune majoritairement paysanne avec une population composée seulement de 2 066 habitant-e-s en milieu urbain et 13 333 en milieu rural (IHSI, 2015). Ces données nous disent clairement qu’il s’agit d’une population rurale qui vit principalement de la terre. Il y a une contradiction entre le mégaprojet Destination Ile-à-Vache nécessitant de vastes terres pour son exécution et la paysannerie qui a besoin des terres pour assurer la (sur) vie des familles. Ainsi, la question foncière devient une pierre d’achoppement dans le processus de la mise en tourisme. En ce sens que Jeannite et Lapointe (2016, p.2) affirment que : « Pourtant, bien loin de susciter l’optimisme d’une amélioration de leurs conditions d’existence, l’exécution de ces activités traine dans son sillage, pour les riverains de l’ile, de nombreuses interrogations ». Dans une pareille situation, une résistance se construit sur l’ile contre le projet touristique.

Cette communication a pour objectif de montrer que la question foncière occupait une place importante dans la mise en tourisme de l’Ile-à-Vache ainsi que la résistance paysanne que cette dernière alimentait. Nous avançons que le foncier est un enjeu central au cœur des inquiétudes de la paysannerie qui se mobilise pour faire échec à Destination Ile-à-Vache. Notre communication sera structurée de la manière suivante. D’abord, nous allons clarifier la situation foncière à l’Ile-à-Vache tout en prenant en compte l’importance de cette question dans la formation sociale haïtienne globalement. Ensuite, nous abordons la place du foncier dans le projet touristique. Finalement, nous allons montrer que les préoccupations et revendications de la résistance paysanne tournaient autour du foncier.

Cette proposition est issue d’une recherche qualitative basant sur une enquête empirique menée sur l’ile (décembre 2019-janvier 2010). Nous avons opté pour l’étude de cas comme approche méthodologique (Yin, 2013 ; Roy, 2004) pour saisir le foncier dans la résistance paysanne au projet Destination Ile-à-Vache. Ainsi, nous avons fait des entretiens semi-dirigés avec quatorze participant-e-s qui sont des paysan-ne-s impliqués dans la résistance et des partisans du projet. Nous avons aussi utilisé d’autres sources comme l’arrêté présidentiel du 10 mai 2013, les documents du projet (Ile-à-Vache : proposition de développement touristique, Ile-à-Vache : destination touristique) pour colliger nos données. Nous avons adopté l’analyse à l’aide des catégories conceptualisantes de Paillé et Mucchielli (2016). Nous avons construit plusieurs catégories dans cette recherche, mais pour cette communication nous nous concentrons principalement à celle liée au foncier.

En termes de résultat, nous avons trouvé que le foncier est l’enjeu autour duquel la résistance paysanne au projet touristique Destination Ileà-Vache s’est construite. La mise en œuvre de ce dernier a provoqué la dépossession de paysan-ne-s de leur terre d’une part, elle a occasionné la destruction de champs agricoles et forestiers d’autre part. Alors que la paysannerie vit en grande partie des champs agricoles et forestiers et cela implique d’avoir la terre pour assurer la survie des familles. Paradoxalement, le projet touristique qui prétendait changer les conditions de vie des paysan-ne-s avait plutôt fragilisé leur situation déjà précaire leur ôtant le principal moyen de production. Donc, nous pouvons conclure que ce cas illustre la thèse que les mégaprojets, dont le tourisme, impliquent souvent des déplacements, de la dépossession et de l’appauvrissement des populations locales concernées (Guardado, 2018 ; Caballion, 2014 ; Vandergeerst, 2003).

Présentateur.rice
Université d'Ottawa
Doctorant
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