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14.00  Enjeux politiques et territoriaux de la reconnaissance patrimoniale des migrants. Les Roms entre la Roumanie et la France

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11:00, Saturday 4 Jun 2016 (30 minutes)

De manière souvent discrète, des voix alternatives du monde culturel visent à complexifier le regard sur le passé et sur son lien avec le présent, faisant entrer les migrants, les diasporas et les minorités dans le champ patrimonial. En s’attachant aux processus de mise en visibilité des migrants, de leurs cultures et de leurs mémoires, cette communication propose de réinterroger les constructions territorialisées du patrimoine, et plus spécifiquement du patrimoine urbain. Il s’agit d’identifier les enjeux d’une reconnaissance des cultures et des mémoires des migrants pour la fabrique de la mémoire collective en ville.

À ce titre la communication reviendra sur l’expérience du Musée dauphinois de Grenoble qui, depuis 1982, aborde l’histoire de l’immigration et le patrimoine des groupes minoritaires en Isère et qui propose en 2015-2016 une exposition dédiée à « la minorité la plus importante d'Europe : les Tsiganes ». À Grenoble et plus généralement en France, les manifestations autour de cette thématique apparaissent dans un contexte de tensions autour de l’accueil et de l’intégration de ces nouveaux migrants arrivés d’Europe de l’Est, principalement de Roumanie. La communication propose d’analyser des manifestations culturelles en relation avec la présence des populations Roms, en général précaires, dans deux contextes nationaux, français et roumain. Ces populations ayant migré de Roumanie vers la France depuis les années 1990 pour des raisons principalement économiques n’ont que très rarement fait l’objet d’une reconnaissance culturelle et patrimoniale. Au niveau des villes françaises, le traitement de ces populations est subordonné à la politique nationale qui ne reconnaît pas les minorités sur des critères ethniques et qui affiche une volonté très limitée d’accepter et d’intégrer ces migrants. Par ailleurs, les institutions européennes appellent à l’adoption de politiques nationales de reconnaissance et de protection contre les discriminations de cette minorité transnationale.

Les enjeux de l’exposition évoquée ici et de ses manifestations annexes seront ainsi considérés à différents niveaux. Tout d’abord, il s’agit d’analyser leur rapport aux cadres nationaux du patrimoine, en France et en Roumanie. Est considérée ensuite la portée des démarches actuelles encouragées au niveau européen en ce qui concerne une compréhension plus sociale du patrimoine et l’œuvre des organisations internationales comme l’Organisation internationale pour les migrations, visant un changement de regard sur la manière dont les migrations affectent plus particulièrement les villes et contribuent à leur développement. En faisant appel à ces différents cadrages politiques, il s’agit finalement d’identifier les usages et le sens donnés à ces expressions culturelles, par leurs porteurs et médiateurs, par les groupes eux-mêmes et par ceux qui contestent une légitimité de leur affirmation au niveau local.

L’hypothèse de base de cette communication porte sur les enjeux multiples liés à la reconnaissance des migrants, qui vont au-delà d’une nouvelle compréhension du patrimoine en ville, pour concerner plus largement les visions politiques et de développement territorial. En effet, traditionnellement en France le patrimoine est consubstantiel de la construction imaginaire et symbolique du territoire, surtout national mais aussi dans ses déclinaisons régionales et urbaines. Ce travail s’interroge alors sur les relations entre le patrimoine des individus en mouvement et leur(s) territoire(s), d’accueil comme de départ. Comment le patrimoine dans sa relation au territoire et à son développement peut-il devenir plus inclusif, à la fois des populations et de la diversité des mémoires en ville, permettant de définir des patrimoines hybrides, transnationaux, ou trans-locaux, mettant en relation lieux de départ et d’arrivée ? En enfin, quelle perméabilité existe-t-il entre cette compréhension renouvelée du patrimoine et les pratiques de l’urbanisme et de la fabrique politique de la ville ? 

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