Les menaces des conflits armés sur le patrimoine: cas de l'occupation djihadiste de la ville de Tombouctou
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30 minutes
En 2012, le Mali a vécu la plus grave crise depuis son accession à l’indépendance en 1960 suite à l’invasion de ses régions septentrionales (Tombouctou, Gao et Kidal) par des groupes armés, extrémistes religieux et au coup d’état militaire du 22 mars 2012 à Bamako. La combinaison des agissements des groupes armés dans les régions du nord du Mali et l’effondrement des institutions étatiques au Sud plongèrent le pays dans une situation politique, sociale, institutionnelle, sécuritaire et économique sans précédent. L’ensemble du patrimoine : matériel et immatériel de renommée nationale et mondiale, situé dans les régions sous occupation a été fortement endommagé. La ville de Tombouctou, une cité mystérieuse au porte du Sahel et du Sahara de part son riche patrimoine inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l’humanité, a été fortement ébranlée. En effet les djihadistes considèrent comme impie certaines composantes de ce riche patrimoine. Sans vergogne ils détruisent quatorze des seize mausolées et le monument de l’indépendance sur lequel trône l’effigie d’El Farouk emblème de la ville. Pour mieux se démarquer de la population de Tombouctou, ville des 333 Saints, les djihadistes arrachent la porte sacrée de la célèbre Mosquée Sidi Yahia. Dans leur folie irrédentiste, les djihadistes brûlent environ 4203 manuscrits multi séculaires qui étaient conservés à l’Institut des Hautes Etudes et de Recherche Islamique Ahmed Baba (IHERI-AB). Outre la destruction du patrimoine bâti, les djihadistes interdisent toute manifestation ludique (soirée de gala, concerts, activités sportives, etc.). Pour mieux contrôler les mesures édictées, les djihadistes et leurs acolytes mettent en place une police et un tribunal islamiques. Toutes ces mesures d’un train de vie austère auront pour conséquence immédiate la cessation du fonctionnement des établissements de tourisme, secteur vital pour l’économie locale. Face à cette situation, le Gouvernement du Mali à travers le Ministère chargé de la Culture, en collaboration avec l’UNESCO et avec le soutien financier de la France, ont organisé à Paris la réunion internationale d’experts pour la sauvegarde du patrimoine culturel malien, le 18 février 2013 au siège de l’UNESCO. Ceci a permis l’adoption du « Plan d’action pour la réhabilitation du patrimoine culturel endommagé et la mise en place des mesures pour la sauvegarde durable des manuscrits ». Ce plan d’action de Paris peut être ainsi considéré comme une riposte à la spoliation du patrimoine des régions du nord du Mali notamment de la ville de Tombouctou. La présente communication sied avec les objectifs de l’Association of Critical Heritage Studies. Elle fait l’état des lieux du patrimoine culturel détruit par les groupes armés et extrémistes religieux à Tombouctou. Puis, elle décrit les voies de sortie de crise empruntées par l’Etat et ses partenaires afin de pouvoir réhabiliter le patrimoine endommagé. Enfin, elle envisage les stratégies idoines que l’Etat, les collectivités décentralisées, les communautés locales pourraient adopter avec l’aide des partenaires au développement pour une gestion et une conservation durable de ce patrimoine culturel. Toute chose qui favoriserait la relance des activités touristiques pour le bien être de la population de Tombouctou.