14.00 Le paysage face aux territoires : régions métropolitaines et patrimoine en Suisse
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Cette contribution se propose de rediscuter la notion de patrimoine dans le contexte suisse en relation à la particularité de ce territoire et à la notion de région métropolitaine qui s’ensuit. Appliquée au cas suisse, la promotion d’un patrimoine alternatif implique la reformulation de catégories au sein de nouveaux rapports entre les trois principaux acteurs des pratiques d’aménagement du territoire.
Bien que la Suisse hérite l’image d’un pays proche de la « nature » où le phénomène de l’urbanisation semble moins développé que dans d’autres pays européens, il suffit d’un bref regard sur une photo satellite pour se convaincre du contraire. Cet imaginaire a toutefois fortement influencé le rapport des Helvètes au territoire et leur engagement pour le préserver.
Le respect des lois est pour chaque citoyen suisse un engagement moral de premier ordre auquel il ne veut contrevenir. Cette intégrité morale est aussi adressée au regard porté sur le territoire et aux règles qui doivent en permettre la pérennité au-delà des changements. Il semble toutefois que ce cadre législatif ne soit plus approprié pour réglementer l’objet pour lequel il a été formulé et il semble aussi difficile de proposer un regard différent sur le patrimoine et promouvoir une alternative aux catégories héritées du passé.
Cette alternative semble toutefois possible si le regard porté sur le territoire profite d’un angle de vue plus large et donc si la traditionnelle perspective avec laquelle nous dessinons les dynamiques patrimoniales est construite de manière à embrasser l’ensemble des territoires représentés par la notion d’hyperville proposée par André Corboz en 1997 ou les plus récentes notions de Smart City et Smart Land. Dans ce nouveau contexte le cadre institutionnel ne doit pas pour autant disparaître, mais la logique sur laquelle il se fonde, notamment le rapport public/privé, doit être dépassée pour qu’il soit envisageable de construire une communauté du possible et d’encourager la redéfinition de la notion de patrimoine entre local et global.
Au sein de ces nouvelles dynamiques, le processus de patrimonialisation concerne les mêmes acteurs et les mêmes objets présents dans une vision centrée exclusivement sur la notion institutionnelle de patrimoine : ce qui change et qui permet d’envisager une notion alternative de patrimoine est la façon dont ces éléments – acteurs et objets – sont mis en relation. Et donc il s’agit d’une notion de patrimoine qui peut être considérée alternative dans la mesure où celle-ci engage de nouveaux rapports entre les entités territoriales, qu’elles soient matérielles ou immatérielles.
En premier lieu, le rapport entre ville et campagne en Suisse est inversé puisque la campagne est largement prédominante. La notion de région métropolitaine suisse rompt avec le traditionnel rapport ville/campagne. Par conséquent cette notion de région métropolitaine implique une vision alternative de patrimoine à laquelle correspondent de nouvelles catégories : la cohérence entre l’échelle infrastructurelle et l’échelle du territoire, la cohérence et l’intégrité structurelle du bâti en relation à son idée constructive ou encore la typologie comme outil opératoire et non comme simple instrument de classification.
Si dans ce contexte on se réfère encore aux trois acteurs principaux, les institutions, les professions et les habitants, cependant le rapport fonctionnel qui en régissait les rôles jusqu’à aujourd’hui ne se base plus sur un rapport hiérarchique vertical, mais sur une pratique sociale partagée. Les traditionnels outils employés pour la planification et l’aménagement du territoire sont donc inappropriés et doivent être reformulés afin d’interagir horizontalement.