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12.00  Des coalitions à la défense des œuvres d’art public La Joute de Jean-Paul Riopelle et Agora de Charles Daudelin à Montréal

What:
Paper
When:
11:00, Saturday 4 Jun 2016 (30 minutes)
How:

Mon analyse de la formation et des actions de deux coalitions actives lors de controverses en art public, très médiatisées à Montréal, révèle que ces coalitions méritent l’attention car elles lient des citoyens profanes et des experts en art et en patrimoine. La première coalition comprend plus d’une vingtaine d’organismes sociaux, économiques, politiques, culturels et artistiques, en plus d’individus. Elle est initiée en 2002 par le Comité SOS La Joute dans le quartier Hochelaga–Maisonneuve, un groupe de cinq profanes, dont un ex-journaliste. Cette coalition défend le maintien de la sculpture-fontaine La Joute (1976) de l’artiste québécois Jean-Paul Riopelle au Parc olympique. Elle se dissout après la relocalisation de l’œuvre au sein de la nouvelle place Jean-Paul-Riopelle, dans le quartier des affaires en 2004, comme le souhaitaient des ministres québécois. La seconde coalition, sans dénomination, se forme en 2006 à l’instigation du centre d’artistes Dare-Dare. Elle comprend surtout des experts en art et en patrimoine œuvrant au sein d’organismes de défense, en plus d’urbanistes, d’architectes de paysage et des ayants droit. Cette coalition interpelle des fonctionnaires et des élus afin de contrer la destruction prévue de l’environnement Agora (1983) du sculpteur québécois Charles Daudelin, dans un parc du square Viger. Les interventions menées depuis 2006 ne trouvent un large écho médiatique qu’au printemps 2015, lorsque l’administration municipale annonce la destruction imminente de l’œuvre. La coalition éclate à l’automne quand le maire annonce plutôt sa transformation, jugée acceptable par des membres mais inacceptable par d’autres. Bien qu’active au sein des deux coalitions, je leur porte le regard critique de l’historienne de l’art.

Ces cas de controverses témoignent du fait que la conservation de l’art public est devenue un objet de débat au Québec, depuis la fin des années 1990. Traditionnellement, l’iconographie, l’esthétique ou l’usage de l’œuvre ont posé et posent encore problème en art public, sous la forme du rejet, pour un temps du moins. S’ajoute alors la question de sa conservation. Mais les processus menant à la conservation et à la patrimonialisation de l’art public québécois, auxquels le phénomène de la coalition participe, demeurent peu examinés.

À cet égard, mon analyse profite des recherches des politologues québécois Hudon, Poirier et Yates (2008) sur la notion de coalition qui montrent que les coalitions étaient en forte croissance au Québec de 1985 à 2005, une mouvance dans laquelle s’inscrivent les deux coalitions à l’étude. Elles représentent deux modèles de création de coalitions : le premier, initié par des individus parlant en leur nom, correspond au Comité SOS La Joute en 2002 ; le second modèle, formé par un groupe d’intérêt, concorde avec la création suscitée par Dare-Dare en 2006. La nature des acteurs initiaux conditionne souvent les actions entreprises par les coalitions, selon les politologues, ce que corroborent les actions mises de l’avant par les deux cas de coalitions examinés. Ainsi, le Comité SOS, des profanes intéressés, privilégie la médiatisation et la mobilisation du public profane afin de maintenir La Joute in situ. À l’opposé, la coalition d’experts défendant Agora opte pour l’influence discrète, durant neuf ans, retardant d’autant sa destruction, bien que la coalition soit divisée par la suite quant aux actions à mener.

Les propos des politologues Boussaguet et Muller (2007) sur la notion de parole profane et de l’historien de l’art Uzel (2010) sur celle de grand public enrichissent l’étude. Ma contribution consiste donc en un examen de deux modèles de coalitions défendant l’art public, qui rend compte de leur composition et de la dynamique entre leurs acteurs, de la portée de leurs discours et actions sur les publics et les décideurs politiques, de l’impact sur la conservation des œuvres en termes matériel, symbolique ou d’usage.

Participant
Université du Québec à Montréal
Historienne de l'art
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