À l’heure de la muséo-responsabilité : comment gérer son patrimoine sensible?
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30 minutes
Force est d’admettre que la ligne délimitant ce qui est « acceptable » de ce qui ne l’est pas demeure floue. Elle peut se définir en fonction d’une multitude de facteurs parfois subjectifs tels que la culture, les valeurs et les expériences personnelles des visiteurs comme du personnel des musées. À cela il faut ajouter le contexte social, politique et économique en constante mouvance. Voilà pourquoi il peut être difficile de définir clairement ce qui appartient au patrimoine sensible. Et, qui plus est, le patrimoine sensible n’est pas hermétique : des éléments peuvent s’y ajouter ou cesser d’y être rattachés à tout moment. Ceci dit, je propose une définition du patrimoine sensible qui va comme suit : « Tout artefact ou mentefact composant les collections du musée ou les collections privées qui a le pouvoir de déclencher des réactions fortes chez les visiteurs, qu’elles soient positives ou négatives. La sensibilité de ces objets varie en fonction des valeurs, des points de vue et du contexte social, économique et politique du visiteur et de la société dans laquelle il est présenté. » (Brière, 2014) Durant ma communication, je présenterai les résultats d’une enquête auprès de douze institutions muséales québécoises qui m’a permis de mieux cerner le patrimoine sensible et de le classer en diverses catégories. Je ferai également la différence entre le patrimoine sensible et la muséographie sensible; cette dernière étant les mises en scène qui servent à accentuer la sensibilité des objets et des sujets traités. Finalement, je proposerai un modèle de gestion que j’appellerai la « muséologie responsable », ou la « muséo-responsabilité », qui s’inscrit dans les tendances actuelles de responsabilité sociale et écologique. La muséologie responsable propose une réflexion profonde sur le rôle du musée et l’utilisation du patrimoine sensible afin d’offrir des balises au personnel des musées en ce qui a trait à la gestion de ce patrimoine. Au cœur de ce modèle : les comités d’éthique en tant que gardiens des « frontières de l’acceptable ». Cette proposition s’inscrit dans le contexte de la séance « Temporalité, narrativité et performativité des patrimoines sensibles : Enjeux pour la citoyenneté culturelle et l’espace public » organisée par Marie-Blanche Fourcade et Jennifer Carter (dans : Les conceptions du patrimoine II : les nouveaux corpus et les nouvelles manifestations). Elle présente une étude de cas qui propose des éléments de réflexion les types de patrimoines sensibles, la place des émotions et des affects, le rôle des institutions culturelles et la participation citoyenne.