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Le paysage culturel : un bien patrimonial construit sur une narration

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30 minutes
Une phase préalable d'identification du bien « paysage culturel » précède sa reconnaissance en tant que patrimoine. L’établissement de caractéristiques et valeurs ainsi que la délimitation d’un périmètre ne sont pas simples dans le cas d’un paysage, dont les limites sont, par définition, à renseigner. L’effort fourni par l’UNESCO pour décrire dans les détails les différentes sortes de paysages culturels (explicitation réservée à cette unique catégorie) en est un symptôme. Parallèlement, la patrimonialisation d’un paysage culturel se concretise en même temps que les volontés de valorisation. La construction de l’objet à patrimonialiser est strictement liée à un projet politique, qui peut viser la construction d’une image positive d’une destination, la capitalisation de la mémoire collective, ou encore l’intériorisation de la part des communautés locales d’une lecture orientée de l’histoire. La reconnaissance patrimoniale constitue un « seuil » qui favorise la prise en compte du paysage comme ressource. Pour de nombreux territoires, la conception du patrimoine comme capital à investir, amène à prendre en compte les activités qu’il peut générer, comme un élément clé de développement (économique). Ceci est d’autant plus vrai pour les paysages culturels vivants évolutifs UNESCO qui correspondent fréquemment à des zones à revitaliser. L’inscription est souvent demandée en effet soit pour protéger un territoire menacé par les transformations, soit dans l’espoir qu’elle puisse relancer l’économie et engendrer du développement, en sachant que ces deux motifs ne sont que les deux faces d’une même médaille. Toutefois, même si une volonté politique forte existe, le processus de patrimonialisation ne peut pas se faire par seule imposition, en effet, puisque l’esthétique, voire l’existence, de ces paysages est liée aux activités anthropiques qui les ont produit et leur rôle dans la société est partie intégrante de leur identité, il est nécessaire que le processus de patrimonialisation puisse s’appuyer sur l’auto estime de la communauté qui les habite. Or, la récupération des valeurs liées à l’univers « paysan » (orientée par une certaine nostalgie du bon vieux temps, du vrai, de l’authentique et appliquée de façon limitée à certaines activités agricoles, à quelques-uns des métiers liés à la campagne, aux valeurs traditionnelles de la terre ou à certaines activités proto-industrielles) dans notre société s’étant faite il a peu de temps, cette auto estime nécessite, d’être renforcée, retrouvée, voire (re)construite. La reconnaissance de soi se construit par le biais de la reconnaissance par l’autre. Il en va de même pour l’identité de ces territoires, à (re)découvrir, mettre au goût du jour, offrir sous la meilleure lumière. Il s’agit de planifier le futur, en profitant de l’histoire culturelle, pour arriver à bâtir des possibilités de développement. Cette situation se prête, évidemment, à tout discours, aussi instrumental et propagandiste soit-il, et le paysage devient un espace et un moyen de communication. Voici donc, pour des raisons d’identification d’un périmètre, de défense d’un mode de vie « ancestral », de support d’une identité et d’une mémoire, de justification et soutien à un projet de développement territorial, apparaître le besoin de raconter une histoire. Chaque paysage culturel vivant évolutif se crée autour d'un grand récit, rigoureusement documenté dans des évidences historiques, dans des traits de mémoire et d’identité des lieux, dans le genius loci. Les traces de ces récits seront recherchées dans les dossiers de candidature à l’inscription sur la Liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO de quelques paysages culturels et confrontées aux impacts et dynamiques territoriales engendrées par la dite inscription.

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