14.30 L’approche paysagère : de nouveaux modes d’action citoyenne pour le patrimoine et les paysages
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Depuis les années 1990, la notion de paysage s’est développée à travers diverses approches et différentes disciplines. Objet essentiellement géographique à ses débuts, le paysage peut aujourd’hui se définir culturellement, socialement voire même politiquement. Derrière cette évolution se retrouve l’influence de la notion de patrimoine et son évolution, notamment à travers l’apparition du « paysage culturel ». Mais le paysage est aussi devenu un instrument majeur du développement des territoires, surtout dans les régions rurales ou éloignées des grands centres. Dans ces régions qui ne comptent pas toujours les ressources naturelles ou les ressources humaines nécessaires au développement industriel, les paysages sont apparus comme une ressource nouvelle permettant de mettre en valeur des territoires en les transformant et en attractions touristiques, tout en valorisant des populations locales. En effet, depuis la définition proposée par le Conseil de l’Europe en 2000, la « construction »
du paysage passe nécessairement par la prise en compte des perceptions de ceux qui l’habitent. Il semble alors s’être développé une nouvelle façon d’appréhender ces territoires, que l’on appelle parfois « l’approche paysagère », et qui s’inscrirait dans une démarche de développement « par la base », favorisant l’initiative locale et l’intégration des acteurs locaux. Cette approche a même dépassé les frontières de la ruralité pour influencer de nouvelles approches dans la gestion des villes anciennes à travers la notion de « paysage urbain historique », définit par l’UNESCO en 2011. Plus récemment donc, et plus encore avec la Déclaration de Florence de 2014 par ICOMos, c’est aujourd’hui au paysage de contribuer à l’évolution de la notion de patrimoine.
L’approche paysagère implique donc un renversement de perspective quant à la compréhension des processus de construction et de mise en valeur de ces objets culturels et patrimoniaux. En considérant la participation locale comme un élément essentiel de la définition paysagère, cette approche ouvre une possibilité d’initiative que de nombreuses communautés ont saisie afin de développer des projets, principalement touristiques, dont l’objectif est de revitaliser ces territoires. Par ailleurs, dans le contexte de la réorganisation de la gouvernance territoriale (décentralisation, regroupement de municipalités, régionalisation, etc.), le paysage apparaît comme un élément particulièrement pertinent pour la mise en place de nouvelles modalités de gestion des territoires et de leur développement, qui intègrent les différentes échelles (gouvernance multiscalaire), et qui prennent en compte les populations. Les modes de participation citoyenne ont donc évolué et recouvrent aujourd’hui des formes diverses selon la configuration de gouvernance des projets.
Cette communication présente des études de cas d’initiatives locales au Québec, et particulièrement en Gaspésie et dans le site patrimonial du Vieux-Québec, qui permettent de mieux comprendre les mécanismes par lesquels des groupes de citoyens se saisissent de ces ressources paysagères et patrimoniales, ainsi que les différentes formes que peuvent prendre ces actions citoyennes. On verra notamment comment les groupes de citoyens peuvent devenir des partenaires à part entière des collectivités locales, bien que celles-ci conservent tout de même la plus grande partie du pouvoir de décision et de gestion effective.