Le patrimoine dans la création d’attractivité territoriale. De la confrontation à la coopération auprès des habitants dans la ville de Puebla au Mexique.
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Le patrimoine constitue une ressource ou un levier du développement (Greffe, 2014) quand il se place à la base du déploiement d’activités économiques à l’échelle locale. Pour Graham et al. (2000), l’intégration du patrimoine dans les stratégies du développement économique suppose l’attention au patrimoine comme une industrie culturelle qui permet la création d’emplois, l’obtention de revenus et la constitution d’une image qui stimule le développement économique. Dans ce contexte, le patrimoine est mobilisé et requalifié à des différentes fins pour différents publics et il est utilisé, entre autres, dans des lieux touristiques (Fournier et al, 2012). Ainsi, la consolidation du patrimoine urbain en tant que ressource économique à des fins d’attractivité implique la réalisation de projets de transformation de l’image de la ville.
Cependant, on constate que la mise en place de ce type de projets dans les pays en développement n’accorde que peu d’importance aux intérêts de la population résidente et des usagers locaux. Certains travaux (Scarpaci, 2005 ; Abu-Khafajah et al, 2015) soulignent que ces projets ne visent pas à l’amélioration des conditions de logement des personnes ; en fait, ils restructurent plutôt les lieux exacerbant l’injustice et l’exclusion. Également, dans le cas des villes latino-américaines (Coulomb et Vega Rangel, 2019 ; Guerrero-Valdebenito, 2014), montrent que les habitants, notamment ceux faisant partie des classes sociales les plus pauvres, sont demeurés à la marge des projets de patrimonialisation. Poursuivant des objectifs économiques et touristiques, ces projets étaient encouragés par le secteur privé et par les groupes au pouvoir. Néanmoins, comme l’expliquent ces travaux, des habitants organisés ont réalisé différentes actions de sauvegarde patrimoniale, principalement en dénonçant le mauvais traitement du patrimoine par les acteurs économiques et en demandant une place dans la gestion des espaces.
Dans le cas de la ville de Puebla au Mexique, on constate que le gouvernement a déployé depuis 2011 une stratégie de création d’attractivité à partir de certains atouts patrimoniaux, dont le cadre bâti. Cette ville est inscrite dans la liste du Patrimoine mondiale de l’UNESCO depuis 1987, et son centre historique a fait l’objet de diverses interventions afin d’obtenir des revenus touristiques. Il s’agit d’une mise en scène du cadre bâti accompagnée par de fortes contestations citoyennes, mais aussi par des initiatives alternatives focalisées sur l’attractivité du centre historique. Ceci nous amène à faire une réflexion autour de la question : quelles sont les principales caractéristiques des actions des habitants dans le contexte de la mise en scène du centre historique de Puebla ?
Afin de mieux identifier les actions des habitants, nous proposons une revue documentaire et la réalisation d’entrevues semi-dirigées. Cette démarche fait partie de la réalisation d’une thèse de doctorat en études urbaines actuellement en cours.