Le patrimoine communautaire : un levier de structuration sociale et de projet de territoire ?
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Au sein de notre système politico-médiatique actuel1, la prééminence du regard et les enjeux croissants de compétitivité entre acteurs ont orienté le champ du patrimoine vers celui du marketing territorial, de modèle universalisant et autres approches connexes au monde commercial. Le contexte d’une société courant après les notions de grandeur et d'abondance, influencées par l’industrialisation ont opéré à un renversement des échelles dans le rapport aux objets désignés comme étant de patrimoine et la construction de leur imaginaire. Une extension conséquente de la notion du patrimoine a balayé son sens premier, relatif à la conscience d’un héritage relevant d’une proximité directe, de l’ordre de la notion de l’intime que chacun tisse avec son environnement culturel et son histoire.
La métropole castelroussine est située en plein centre du Berry. Ce territoire rural est constitué de vastes plaines humides et enclavées2 au centre de la France et est considéré lui même dans les esprits comme un territoire en marge, une minorité culturelle. Cette marginalisation désignée peut être identifiée comme point de départ aux problématiques d’identité et de mémoire collective qui se posent dans le rapport des habitants à leur territoire. Il s'agit effectivement de questionner l’image de celles-ci au-delà de l’échelle locale, dans un rapport d’influence réciproque interne/externe qui influe dans la perception d’un territoire par ses habitants : « Le Berry, territoire souvent méconnu, parfois méprisé et moqué »3 et sa population est en effet en baisse depuis plusieurs décennies. Par le biais de cet exemple du territoire castelroussin, nous réfléchirons sur cette considération du patrimoine universel et l’impact produit sur les territoires marginalisés par ces canons et sur leurs populations.
L’approche particulière du patrimoine dans cette rencontre organisée, orientée vers sa localité et employée comme outil de réappropriation identitaire citoyenne est de fait particulièrement adaptée aux territoires définis comme difficiles, marginalisés ou dévitalisés. L’emploi du patrimoine « cadre de vie »4 permet de désigner une certaine qualité de vie et sa reconnaissance par la population locale en favorise sa constante amélioration. La mobilisation et la participation des populations comme ressources est au cœur de cette réflexion sur la conscientisation et la valorisation patrimoniale, ayant pour objectif de favoriser la réappropriation des objets patrimoniaux par leurs usagers quotidiens.