Essor et fin annoncée de la zone thématique « Far West » dans les parcs à thème européens
Mon statut pour la session
Le parc Disneyland (1955, États-Unis) est devenu, grâce à sa pratique de la thématisation dans cet espace planifié, le modèle d’une industrie mondialisée des loisirs ; parc qu’on nommera quelques mois plus tard « parc à thème » pour le différencier des précédents parcs d’attractions. Pour cause, le parc Disneyland, fort de son succès du fait de sa fréquentation et de la retenue des visiteurs-consommateurs en son sein, va entraîner la transférabilité de son modèle à d’autres territoires. De surcroît, « Frontierland », l’un des « lands » du parc, va particulièrement révéler cette circulation des modèles puisque de nombreux parcs à thème s’en inspireront, contribuant à faire du « Far West » la thématique la plus reprise durant cette période charnière d’essor des parcs à thème de 1955 à 1995. À cet égard, les parcs à thème vont contribuer à la production d’un imaginaire, devenu mythe, par la mise en scène de la colonisation des terres amérindiennes à des fins récréatives, et ce, afin de répondre à la fascination du public européen dans une ère où les transferts culturels américanisés de la société sont patents. Ainsi, l’incontournable « Far West » va se décliner dans toute l’Europe, de l’attraction thématisée à l’instar de « Mine d’or engloutie » (1987, parc Bagatelle, France) ou « Calamity Mine » (1992, parc Walibi, Belgique), au parc à thème entièrement « Far West » comme Ok Corral (1966, France), High Chaparral (1966, Suède), Cowboyland (1995, Italie), Pullman City (1997, Allemagne) ou encore El Paso City (N/A, Serbie), en passant par les innombrables zones thématiques telles que « Canyon du Colorado » (1963, parc de la Mer de Sable, France), la forme performative de « Frontierland » (1992, parc Euro Disneyland, France), si ce n’est tout simplement « Far West » (1995, parc Port Aventura, Espagne).
Pour autant, passé cette période faste où cowboys et « indiens » s’affronteront plus ou moins dans le contexte d’une épique ruée vers l’or, la thématique va de moins en moins satisfaire les visiteurs, et les parcs à thème, n’ayant pour pratiquants que ces derniers, vont être contraints de renouveler leurs zones thématiques « Far West » face à ce risque d’obsolescence. Ce dernier propos nous invite à comprendre les raisons de ce déclin. Est-ce la fin d’une puissance américanisée projetée dans le parc à thème ? Est-ce le parc à thème qui parvient à la production de nouvelles thématiques ? Est-ce un immersif de l’Ouest américain qui s’est banalisé par sa – trop – grande circulation des modèles ? Est-ce un imaginaire colonial qui ne répond plus aux valeurs de nos sociétés actuelles ? Qui plus est, l’effacement de cette thématique peut-il révéler certains particularismes culturels ? Quoi qu’il en soit, ces questionnements nous invitent à contrecarrer le processus « top-down » de « disneylandisation » afin de comprendre comment les pratiques « importées de l’extérieur » peuvent fragiliser le parc à thème, ce qui peut poser la délicate question de la préservation des zones thématiques comme celles du « Far West » qui ont symbolisé l’essor mondialisé des premiers parcs à thème.