Régénération industrielle : du tourisme aux loisirs, de l’événement à la vie quotidienne, le cas de Shougang, Pékin
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À l’occasion des Jeux olympiques d’hiver de 2022, l’ancienne aciérie de Shougang, construite à partir de 1919 à Pékin, a fait l’objet d’un projet de réhabilitation et de régénération, à la fois pour accueillir des épreuves de sports d’hiver et dans la perspective de devenir, à long terme, un nouveau pôle urbain pour la capitale chinoise. La revalorisation de ce patrimoine s’inscrit dans une stratégie nationale de promotion du savoir-faire et de l’histoire industrielle, comme levier économique et culturel. Situé dans le district de Shijingshan, à l’ouest de la ville entre le cinquième et le sixième périphérique, le site de Shougang a bénéficié d’une visibilité accrue, notamment lors de la victoire de l’athlète Gu Eileen aux épreuves olympiques de saut à ski, en février 2022. Aujourd’hui, le site est aménagé autant de manière à rappeler l’héritage des Jeux aux visiteurs qu’à illustrer le rôle de Shougang dans le développement industriel, économique et social de Pékin.
Composé de hauts fourneaux ainsi que de silos et tours de refroidissement, Shougang représente aujourd’hui une prouesse architecturale et technique, en termes de rénovation d’un bâti industriel lourd, et de transformation d’un site de production particulièrement grand en nouvel espace public pour Shijingshan. Pensées pour accueillir un public international, les circonstances de la pandémie de COVID-19 et les restrictions liées ont néanmoins limité la visite effective de Shougang dans un premier temps. Aujourd’hui, le site émerge comme un espace de loisirs destiné majoritairement aux citadins pékinois, dans la lignée d’une politique de développement de la consommation et du tourisme intérieurs. La compagnie d’état qui gère le site, le Shougang Group, adapte sa stratégie de planification urbaine année par année, entre directives gouvernementales et usages effectifs du lieu, dans le souci de réaliser un retour sur investissement, face à l’injection massive de moyens pour réhabiliter de telles machines pour 2022. Entre contraintes économiques et politiques et usages actuels du site, les acteurs publics et privés ouvrent des espaces d’adaptation et de négociation autour du projet. Rendre ce lieu attractif à la fois pour les habitants, les visiteurs, mais aussi les entreprises, est un enjeu principal qui montre la mixité d’usages prévue pour le site. Quelles sont les stratégies de valorisation du patrimoine industriel de Shougang, et dans quel projet de développement urbain s’inscrivent-elles ?
Comment a été pensé l’après-Jeux olympiques ? Dans quelle mesure ce cas d’étude peut-il représenter une nouvelle étape dans les politiques de gestion du patrimoine industriel, et des retombées touristiques qui y sont liées ?
Ce travail s’inscrit dans une recherche de doctorat qui porte sur la transformation des territoires post-industriels à l’occasion de méga-événements tels que les Jeux olympiques. Cette étude de cas comparative entre Londres 2012 et Pékin 2022 est réalisée au moyen de méthodes qualitatives comme l’observation de terrain, l’analyse de documents de planification urbaine, la photographie et la conduite d’entretiens longs, semi-directifs. Nous proposons ici d’approfondir plus particulièrement le cas de Pékin, compte tenu de récentes collectes de données obtenues lors d’un séjour de terrain à l’été 2023.