Passer au contenu de la page principale

Jouer sa culture et se prendre au jeu : étude du rôle économique et patrimonial de la broderie des Hmong de Guyane

Mon statut pour la session

Quoi:
Talk
Quand:
3:00 PM, Vendredi 26 Avr 2024 (30 minutes)

D’abord violemment réprouvé par la population guyanaise et délibérément construit dans une zone enclavée, le village de Cacao est devenu depuis les années 1980 un lieu incontournable du tourisme en Guyane.

La semaine, ce village d’agriculteurs hmong est incroyablement calme. On entend seulement le bruit des quads allant aux champs, la pluie battant la tôle et le murmure de quelques femmes qui chantent. Pourtant, le dimanche, dès les premières heures du matin, le village s’anime. Des Guyanais et des touristes de toutes nationalités se pressent dans le village. Et pour cause, les Hmong organisent leur marché où les visiteurs peuvent déguster la « traditionnelle soupe hmong », en réalité d’origine vietnamienne, mais aussi des fritures asiatiques et des desserts à base de riz gluant. Mais le marché n’est pas seulement une affaire de nourriture. Sous les halles du village, d’immenses broderies sont accrochées. Les touristes, la bouche pleine, admirent les broderies tout en s’exclamant : « Ah c’est typique, on se croirait en Asie ! »

Deux types de broderies sont présentes au village. Elles sont toutes deux actrices de la valorisation patrimoniale de la communauté hmong, mais de façon presque opposée. La broderie au point de croix présente sur les vêtements est décrite dans les récits hmong les plus anciens. Elle permet de reconnaître les différents clans hmong et a été utilisée par plusieurs héroïnes de légende à des fins de défense et de protection. Pourtant les broderies qui plaisent le plus aux touristes sont les « narratives ». Elles sont apparues dans les années 1970 en Thaïlande.

Le but des brodeuses de l’époque était marchand ; il s’agissait de transformer l’attente passive des camps de réfugiés en revenu. La fuite du Laos vers les pays d’accueil est le thème principal de ces broderies. Au cours des années, les brodeuses ont adapté les thèmes afin de rendre leurs œuvres plus attractives pour les touristes.

Si le tourisme est présenté par certains comme une manière de redynamiser des traditions hmong qui sans cela risqueraient de se perdre, certains Hmong regrettent la folklorisation de leur lieu de vie. Il y a quelques années, des touristes rentraient chez les familles pour les photographier pendant leur repas. S’ils se font plus discrets aujourd’hui, les touristes n’ont pas abandonné leur appareil photo et leur désir envahissant de photographier le quotidien de ce peuple différent du leur.

Face au phénomène touristique, plusieurs questions se posent pour les habitants. Faut-il encourager l’essentialisation de la culture hmong et en tirer un profit économique ? La folklorisation du village joue-t-elle un rôle dans la perte de repères identitaires des jeunes Hmong de nationalité française ? À trop vouloir mettre en scène les traditions, les Hmong ont-ils perdu le sens premier de celles-ci ? Au contraire, cette valorisation permet-elle aux jeunes générations de se saisir de la notion occidentale de patrimoine immatériel pour valoriser leur culture ?

Cette présentation souhaite proposer une réflexion sur ces questions en prenant l’exemple de la valorisation des broderies hmong.



 

Marie-Camille LINTE

Conférencier.ère

Mon statut pour la session

Évaluer

Detail de session
Pour chaque session, permet aux participants d'écrire un court texte de feedback qui sera envoyé à l'organisateur. Ce texte n'est pas envoyé aux présentateurs.
Afin de respecter les règles de gestion des données privées, cette option affiche uniquement les profils des personnes qui ont accepté de partager leur profil publiquement.

Les changements ici affecteront toutes les pages de détails des sessions