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Le patrimoine industriel, une mémoire ouvrière à sauver ?

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Quoi:
Talk
Quand:
10:00 AM, Samedi 27 Avr 2024 (30 minutes)

En juillet 2021, la France a porté le projet d’une loi « climat et résilience », dont l’un des objectifs était la Zéro Artificialisation Nette (ZAN), sorte de balance comptable de l’utilisation des sols, dans laquelle toute nouvelle construction doit s’accompagner d’un projet de renaturation d’une surface artificialisée équivalente. Parmi les territoires expérimentaux de ce projet se trouve la communauté d’agglomération de Maubeuge–Val de Sambre, dans le nord, étant donné le nombre important de friches industrielles de ce territoire, autrefois bassin métallurgique et aujourd’hui laissé à l’abandon. Cette loi impose donc aux décideurs publics un choix : soit de réinvestir ce patrimoine industriel, en lui affectant une nouvelle fonction, soit le détruire et investir à sa place dans la construction d’un nouveau bâtiment ou dans la renaturation de l’espace, notion de « création-destructrice ». Cela pose donc la question de la valeur, économique et sociale, qui est attribuée à ce parc industriel désaffecté : doit-il être conservé, comme vestige d’un passé prospère pour la région et fierté des travailleurs, ou doit-on accepter de s’en défaire pour laisser la place à d’autres projets ? Et dans le cas d’une conservation de ce bâti, quel serait son but nouveau ?

Ce sont ces questions dont nous traitons ici, à travers des études de cas montrant les possibilités de réinvestissement du patrimoine industriel désuet par les collectivités et les résidents, ici la mine créative de Wallers-Aremberg. Cette mine de charbon, site d’extraction de 1899 à 1989, fut laissée à l’abandon jusqu’en 1992, quand le réalisateur Claude Berri y fait des repérages pour venir y tourner le film Germinal (1993), adaptation du roman de Zola de 1885, lui-même s’étant inspiré du puits Mathilde de Valenciennes. Rénové pour les besoins du film, le site est soumis à un appel à projets, principalement autour du cinéma, et sert aujourd’hui de nouveaux buts : d’un côté, le site accueille toujours des tournages, ainsi que des séminaires et des événements culturels et sportifs, tels que la course cycliste Paris-Roubaix (et la trouée pavée d’Aremberg). De l’autre, c’est un lieu d’enseignement et de recherche, avec des locaux occupés par le laboratoire DeVisu de l’Université polytechnique des Hauts-de-France. Enfin, c’est également un lieu investi par la mémoire d’une industrie, gardée vivante par les anciens mineurs, qui se proposent, bénévolement, de faire visiter leur lieu de travail (partie intégrante de leur identité selon Marx). Au-delà de la production, l’industrie minière a façonné le territoire dans chaque aspect de la vie. Une industrie va alors engranger du patrimoine matériel (mines/corons/bâtiments de services aux mineurs/églises), mais aussi un patrimoine immatériel (fêtes/traditions/fictions/chansons), et c’est cet ensemble qui va créer une identité territoriale, survivant à la mort de l’industrie pour entrer dans l’imaginaire collectif des résidents (et non-résidents), au point d’intégrer la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2012.



 

Myriam OUMHETA

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