Réappropriations contemporaines du patrimoine industriel : une réflexion basée sur des éléments du cas du patrimoine de São Paulo/Brésil
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La ville de São Paulo a été reconnue comme un territoire brésilien important pour recevoir la première vague d’initiatives industrielles au début du XXe siècle. Aujourd’hui, l’accent mis sur la valorisation et la préservation des vestiges industriels ramène des éléments matériels et immatériels de ces zones, apportant de nouvelles perspectives aux discussions dans ce domaine. Dans cet article, la question de la réappropriation des anciennes industries est centrale, car c’est un aspect qui expose clairement la dynamique urbaine actuelle à laquelle ce territoire est soumis.
Les quartiers de Tamanduateí sont situés sur les bords de la rivière Tamanduateí, un axe important qui traverse le centre-ville de São Paulo. À la fin du XIXe siècle, ce territoire accueille le chemin de fer de São Paulo, utilisé principalement pour le transit de la production de café entre l’intérieur de la ville et le port de Santos. L’occupation de cette zone ne s’est consolidée qu’au XXe siècle, avec l’occupation ultérieure de sa plaine inondable. Dans les années 1930, elle a accueilli une partie des installations manufacturières de la capitale de São Paulo, une activité qui a commencé à décliner dès 1970. Ce processus de vidange productive s’est accéléré après les années 1990 et, en tant que région centrale dotée de vastes zones inoccupées, elle est devenue l’objet de plans d’intervention urbaine et de spéculation immobilière.
Le plan d’intervention urbaine de 2015 pour la zone incite à la mise en place d’initiatives liées à ce que l’on appelle l’économie créative. La proposition s’inscrit dans une tendance plus large et globale d’utilisation d’anciennes zones industrielles par des incubateurs et des accélérateurs de technologie. Bien que le plan d’intervention urbaine ait été approuvé, sa mise en œuvre n’a pas été efficace. La crise économique déclenchée par la pandémie de COVID-19 semble avoir accéléré la fermeture et le vide productif de la zone.
Le domaine du patrimoine industriel fournit une clé pour lire et évaluer les témoignages de l’industrialisation présents dans cette zone. Au cours des quinze dernières années, plusieurs bâtiments de cette catégorie ont été protégés et une avancée significative a été réalisée avec l’approbation d’une nouvelle législation, qui permet son interprétation en tant que paysage et ensemble industriel (ZEPEC en portugais). Cependant, la protection juridique ne s’est pas traduite par une réutilisation effective.
Au cours des années 2000, des initiatives artistiques temporaires ont eu lieu dans ces zones industrielles, comme le projet Arte-Cidade. Cependant, son caractère temporaire n’a pas apporté de changements significatifs dans le processus de reprise des anciennes structures industrielles. Malgré les relations entre l’art contemporain et les bâtiments industriels restants, cet aspect programmatique n’est pas exploré dans la zone d’étude.
Par ailleurs, le capital immobilier a utilisé les grandes surfaces des terrains disponibles comme territoires d’investissement, ce qui a donné lieu à des projets de bâtiments à haute densité et verticalisés. Il s’agit d’un type de réappropriation qui ignore toute valeur mémorielle préexistante.
En revanche, il existe encore des terrains interstitiels, des allées et des zones illégalement occupés aujourd’hui par des populations à faible revenu. Ce type d’utilisation échappe aux règles de contrôle de la production de la ville, mais obéit aux normes établies par le tissu urbain et les anciennes structures industrielles.
Cette multiplicité de réappropriations potentielles, qu’elles soient permanentes ou temporaires, marginales ou officielles, à différentes échelles, renforce de nombreux débats contemporains qui pourraient être pertinents dans le domaine du patrimoine.