Le tourisme, bien qu’il soit encore considéré comme un champ d’études en développement, centre son épistémologie sur l’être humain, qui quitte sa vie quotidienne pour s’engager dans le phénomène subjectif de la traversée de territoires mondialisés. Dans ce large spectre, le tourisme noir apparaît comme un phénomène mondial dans lequel de nombreuses personnes voyagent pour explorer un large éventail de lieux, de monuments et d’attractions qui offrent des (re)présentations de la mort et de la souffrance. Le tourisme noir désigne les voyages effectués dans des lieux associés à la mémoire de la mort, de la destruction et des événements catastrophiques. Cette forme de tourisme est désormais reconnue comme un domaine d’étude pluridisciplinaire, englobant l’archéologie, les études sur le patrimoine et le tourisme, qui visent tous à saisir les (re)présentations contemporaines de la mort. Il s’agit d’un domaine d’étude qui nous permet d’examiner des questions culturelles, historiques et politiques, ainsi que d’approfondir notre compréhension sociologique de la mort, des défunts et de la mémoire collective. 

Ces dernières années, le tourisme noir est devenu un phénomène mondial, conduisant de nombreuses personnes à fuir les destinations touristiques traditionnelles pour visiter d’anciens camps de concentration, des zones de guerre, des sites de grandes tragédies, des cimetières, etc. Ces facteurs font que le tourisme noir défie la définition simpliste du tourisme en tant que forme de voyage de loisir/plaisir. On peut donc dire que le tourisme noir, sous ses diverses formes, fournit des significations visuelles et une multiplicité de sens concernant les paysages qui témoignent de tragédies et d’atrocités. Ce sont des lieux où les touristes peuvent évoquer des sentiments de compassion et d’empathie pour les victimes ou des sentiments d’interrogation et d’indignation à propos des événements historiques contextualisés. 

La municipalité de Brumadinho, une ville située dans la région métropolitaine de Belo Horizonte, Minas Gerais, possédait un barrage de résidus situé à environ 18 kilomètres du centre-ville, construit par la société minière Vale S.A. pour contenir les résidus de la mine Córrego do Feijão. Le 25 janvier 2019, la digue de la mine s’est rompue, faisant plus de 270 victimes et répandant 12 millions de mètres cubes de déchets dans le bassin de la rivière Paraopeba. 

Le Mémorial des victimes de Brumadinho est un hommage aux victimes de cet accident. Le projet vise à résister à l’effacement de l’histoire, en l’honneur des 272 victimes de la tragédie, et à empêcher que des événements similaires ne se reproduisent. L’espace offre des expériences sensibles, individuelles et collectives, visant à empêcher l’oubli de l’ensemble de la tragédie et de la souffrance qui ont eu lieu sur le site. Le mémorial garantit une expérience pour les visiteurs, leur rappelant toujours la tragédie à travers des récits, des souvenirs et des possibilités de réflexion. Le projet est né en 2019 d’une idée d’AVABRUM (Association des parents et des personnes affectées par la rupture du barrage de la mine de Córrego do Feijão), ainsi que d’une demande de Vale S.A. d’honorer les personnes qui ont perdu la vie lors de l’effondrement du barrage. Dans ce contexte, l’objectif de la présente étude est d’examiner la relation entre le Mémorial des victimes de Brumadinho, MG, et le tourisme noir et le patrimoine noir.