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« Les grottes de Lascaux » – La démultiplication d’un patrimoine invisible par ses substituts

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Panel
Quand:
9:00 AM, Vendredi 26 Avr 2024 (30 minutes)

En 1940, quatre adolescents découvrent la grotte ornée de Lascaux. L’attractivité touristique de ce monument de l’art pariétal préhistorique est considérable : entre 1948 et 1963, un million de visiteurs affluent à Montignac. La commune prospère conséquemment, et changera même son nom en Montignac-Lascaux. Pourtant, le fragile équilibre climatique de la cavité souffre de la surexploitation touristique. En 1963, la grotte est fermée au public, privant du même coup le monde d’un patrimoine exceptionnel et les habitants de Montignac du moteur de leur développement économique.

Comment faire visiter Lascaux sans donner accès à Lascaux ? En 1983, la solution sort de terre, à 300 mètres de la grotte : Lascaux 2, un facsimilé en béton qui reproduit, à l’échelle 1, les volumes, les reliefs et les peintures monumentales de la grotte. Le succès est au rendez-vous : avec près de 300 000 visiteurs annuels, Lascaux 2 restera le site le plus fréquenté de Dordogne jusqu’en 2016. À tous les niveaux, la copie fonctionne comme la vraie : encore aujourd’hui, des visiteurs de Lascaux 2 affirment avoir vu l’originale. Dans les médias, on entend désormais parler « des grottes de Lascaux ». Lascaux passe ainsi du singulier au pluriel, tandis que sa démultiplication en offres culturelles se poursuit. En 2012, les facsimilés de l’exposition Lascaux 3 commencent leur itinérance. En 2016, la réplique Lascaux 4 est inaugurée à Montignac, succédant à Lascaux 2 comme site le plus fréquenté de Dordogne. En 2021, à la Cité de l’architecture et du patrimoine, les visiteurs explorent virtuellement la numérisation 3D de la grotte. Lascaux se décline aujourd’hui en un panorama de copies, analogiques et numériques, en ligne ou en établissement muséal, de Montignac à Shanghai, en passant par Paris ou Chicago.

Dans cette communication, je propose de présenter les résultats de mes recherches sur la démultiplication de Lascaux pour restituer au public ce patrimoine invisible. J’introduirai la portée épistémologique du geste de substitution avant d’aborder les questions muséologiques sous-jacentes. Comment restituer une « copie conforme » d’un site qui consiste en une succession d’états originaux et d’expériences originales ? L’acte de substitution doit-il se confiner aux mécanismes de l’analogie, à l’heure où les nouveaux médias de la communication permettent de dépasser l’expérience de l’original en fournissant une version de Lascaux optimisée pour le tourisme de masse ? Quel avenir pour la grotte, alors que les technologies de numérisation permettent d’encapsuler le réel pour le plier à tous les usages que l’original n’est plus en mesure d’assumer ?

Ces questionnements autour de la copie patrimoniale sont au centre de mes recherches depuis le master et jusqu’à aujourd’hui, au doctorat, où j’étudie ce cas particulier des grottes de Lascaux en enquêtant auprès des professionnels de l’image ayant participé à la production de sept dispositifs de visite analogiques.



 

Léa Lydie de BRUYCKER

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