Témoin d’une révolution : l’artisan plâtrier et les éléments préfabriqués en plâtre entre 1850 et 1930
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Les matériaux utilisés et les méthodes de construction ont connu une révolution graduelle, mais radicale, depuis la main humaine à la prépondérance de la machine. L’histoire de ce passage reste à écrire, mais des découvertes permettent d’en décoder quelques lignes inscrites dans les murs et les plafonds des immeubles de l’époque. Sorte d’archéologue empirique attentif, le restaurateur patrimonial des décors de plâtre devient le témoin inattendu du remplacement des productions artisanales par des produits industriels.
Les parois intérieures, aux enduits fastidieusement appliqués sur lattis de bois puis de métal, évoluent vers la standardisation des cloisons sèches pour un résultat plus facile, rapide, uniforme et économique. Le décor d’architecture demeurant très apprécié, de nombreux éléments néo-victoriens sont appliqués à ces surfaces. La demande est telle que la création de ces fantaisies s’inspire de l’imprimerie par caractères mobiles. Ici, ce sont des blocs (feuilles d’acanthe, perles, fleurs, etc.) qui sont assemblés au goût du créateur. Elles sont le fruit manufacturé d’un travail à la chaîne, répétitif, dans des conditions ouvrières poussiéreuses, irritantes.
L’empreinte de l’artisan du chantier reste toutefois détectable dans le rendu : insertions d’éclisses de bois, remplissages au papier journal, renforcements avec des fibres animales et végétales, outils oubliés, scarifications d’accroche. L’aventure industrielle se tisse à la main et l’artisan restaurateur renoue avec ces pratiques.