Les organismes à but non lucratif et la reconversion de bâtiments patrimoniaux, un duo qui promet : Les cas de Grand Union et de Boulot vers
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La reconversion de bâtiments patrimoniaux gagne, depuis une cinquantaine d’années, en popularité. Tout en respectant lesvaleurs patrimoniales d’unobjet bâti donné,cette approche permet son adaptation à un usage autre que celui pour lequel il a d’abord été réfléchit. En plus de permettre le réinvestissement du patrimoine bâti, plusieurs chercheurs ont démontré que cette pratique architecturale s’accompagne généralement de retombées positives aux niveaux économique (Reiner, 1979; Ball, 1999; Rypkema, 2007; Shipley et al., 2016), environnemental (Rypkema, 2007; Mohamed et al., 2016; Shipley et al., 2016) et socioculturel (Walljes et Ball, 1997; Ball, 1999; Heritage Council Victoria, 2012; Mohamed et al.,2016).
Si le processus de reconversion d’un bâtiment patrimonial s’avère souvent long et complexe, plusieurs exemples témoignentdu caractère habilitant qu’une telle démarche peut avoirlorsqu’elle est portée par un organisme à but non lucratif (OBNL). L’exercice s’avèresouvent mutuellement bénéfique. D’une part, le caractère patrimonial du bâtiment peut être mobilisépar l’OBNL, et ainsi contribuer à la réalisation d’un éventuel projet d’occupation. D’autre part, la reconversion d’un bâtiment patrimonial et l’occupation qui s’en suivra peuvent assurer sa sauvegarde.
La démarche permettant la reconversion d’un bâtiment patrimonial reste,à bien des égards, abstraite. Bon nombre d’écrits se sont intéressés aux transformations architecturales qu’ont permises la reconversion de bâtiments patrimoniaux, mais un nombre encore limité se sont intéressé au processus qui rend cette reconversion possible. La proposition mise de l’avant s’inscrit dans une volonté de documenter et de faire connaître de tels processus.
Poursuivant cet objectif, ellemise sur l’exploration de deux démarches, portées par des OBNL, qui visent la reconversion de bâtiments industriels patrimoniaux et vacants depuisun certain nombred’années. Elle peut êtreclassée dans ce que Plevoets et Van Cleempoel appellent « l’approche stratégique » (2011)
On s’y intéresse toutd’abord à la reconversion de la Tonnellerie, un bâtiment montréalais autrefois utilisé pour la confection de tonneaux. La transformation est portée par Le Boulotvers…, une entreprise d’insertion misant notamment sur l’ébénisterie, qui souhaite déplacer ses activités dans l’éventuel bâtiment reconverti. On se penche ensuite sur la reconversion de Junction Works, un bâtiment initialement associé au transport de marchandises par canaux qui est situé à Birmingham, en Angleterre. Ce second projet est porté par Grand Union, un organisme caritatif dédié à l’art contemporain, qui désire transformer le bâtiment industriel en un espace multi-usage axé sur les arts. La documentation des processus étudiés se fera de manière narrative. Elle s’appuie à la fois sur une recherche documentaire et sur des entrevues semi-dirigées réalisées en 2019 et 2020. Suivant la présentation des deux démarches, un bref travail analytique permettra de souligner le caractère vertueux du rapport qui peut émerger lorsque des organismes à but non lucratif développent des projets innovants qui tirent profit du patrimoine bâti existant.