Quel patrimoine pour la communauté patrimoniale du Vieux-Québec et du Vieux-Montréal ? Une approche par le concept de patrimonialité
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Pendant longtemps, le « Authorized Heritage Discourse » (Smith, 2006 ; Harrison, 2013) était perçu comme la seule voix légitime pour l’identification du patrimoine. Depuis une dizaine d’années cependant, on assiste à une désuétude du discours officiel sur le patrimoine pour s’intéresser davantage à l’identification d’un patrimoine « par le bas ». L’élargissement des acteurs du patrimoine est marqué par la convention de Faro en 2005 qui s’engage à « prendre en considération la valeur attachée au patrimoine culturel auquel s’identifient les diverses communautés patrimoniales » (Convention de Faro, 2005, p.5), un avis partagé par la Commission des biens culturels du Québec qui déclare que « la richesse patrimoniale s’amasse infiniment mieux à travers l’attachement des communautés qu’à travers les inventaires et listes officielles » (Commission des biens culturels du Québec, 2004, p.2). En filigrane de cette volonté partagée de considérer de nouveaux acteurs du patrimoine, on remarque un intérêt croissant pour les multiples significations dont le patrimoine est l’objet. Il s’avère en effet que les études sur le patrimoine s’intéressent moins aux caractéristiques de l’objet patrimonial qu’au processus d’investissement de sens qui produit le patrimoine (Berthold, 2012).
Notre communication s’inscrit dans cette dynamique, visant à aborder les communautés patrimoniales sur le plan des significations qu’elles confèrent au patrimoine dans les sites du Vieux-Québec et du Vieux-Montréal. La patrimonialité, soit l’attribution d’un caractère patrimonial à un objet, est le concept qui sous-tend notre recherche pour comprendre ce qui fait patrimoine pour les différents acteurs. Les communautés patrimoniales, en tant qu’acteur qui développe un sentiment d’appartenance pour le patrimoine et qui attache de la valeur à certains aspects du patrimoine pour reprendre la définition de la Convention de Faro, produisent un discours sur le patrimoine qui révèle une certaine patrimonialité. Partant de l’idée que des patrimonialités différentes coexistent, voir s’influencent, dans un même lieu à un moment donné, il s’agit alors de se demander comment la patrimonialité du Vieux-Québec et du Vieux-Montréal exprimée par les communautés patrimoniales prend place dans ce système créé par ces multiples patrimonialités. L’analyse des discours doit permettre de déceler le sens que la communauté patrimoniale confère au patrimoine, postulant en effet que la patrimonialité migre par l’imaginaire avant d’être perceptible dans les discours.
Au démarrage de notre projet doctoral, cette communication vise à présenter les cadres conceptuel et méthodologique qui balisent notre réflexion.