Une communauté patrimoniale cynégétique : autour de quelques livres de chasse
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Le « Livre » représente sans aucun doute l’un des objets les mieux à même de contribuer à la protection et à la transmission du patrimoine naturel et culturel dans l’espace public. En effet, les livres s’emploient à prolonger les actions et les idées des communautés patrimoniales, puisque leurs lecteurs viennent à les doter d’une certaine « agentivité humaine » (Gell : 2011). En peu de mots, les livres possèdent une efficacité sociale capable d’inscrire dans le cœur des personnes toute la gamme des items patrimoniaux proclamés comme tels. Les livres méritent une attention toute particulière à cet effet.
La présente communication a pour objectif d’analyser la production d’une série de trois livres issus d’une communauté patrimoniale spécifique : celle des fauconniers pratiquant un mode de chasse reconnu comme patrimoine culturel immatériel par non moins de dix-huit nations en date du 1er mars 2017 sous l’égide de l’UNESCO. Ces livres sont : « Sky hunters : the passion of falconry » (2008) de Hossein Amirsadeghi, « Falconry celebrating a living heritage » (2009) de Javier Ceballos et « L’art de la fauconnerie » (2013) de Patrick Morel. Plus précisément, l’analyse s’attarde au « péritexte éditorial » (Genette : 1987) des livres de manière à porter l’attention sur les aspects destinés à assurer la présence et la circulation des textes à l’intérieur des sociétés. Il est question notamment des pages couvertures, des titres et des intertitres, des dédicaces, des instances préfacielles, et des illustrations.
L’analyse du péritexte éditorial permet ainsi de dégager un nombre considérable d’informations sur la multiplicité d’acteurs, individuels et collectifs, derrière l’activation sociale du patrimoine cynégétique. Il est possible également de repérer les mécanismes de financement et les investisseurs à la base de l’entreprise patrimoniale de la fauconnerie. Enfin, l’analyse permet de retracer les différents collaborateurs venant se greffer à un tel projet tout en éclairant les intentions et les désirs qui les animent respectivement afin de soutenir les fins patrimoniales de la chasse.
En somme, chacun de ces ouvrages permet de révéler non seulement les différentes manières de concevoir et de moduler le patrimoine cynégétique en fonction des récits hétéroclites d’une communauté de praticiens, mais, plus profondément, de suivre la façon dont une communauté patrimoniale vient à se former, à se développer et à se positionner dans la sphère publique autour de la matérialité de quelques livres de chasse.