Atelier 7 - B
Discutant: Samuel Coavoux
1.Antoine Sansonnens - Université du Québec à Montréal (Canada)
Titre :Parler les contextes sociaux : entre langage commun et intonations différentielles en Suisse Romande et au Québec
Résumé :À travers cette communication, il s’agira de mener une réflexion conceptuelle sur l’idée d’un langage commun suisse et québecois dans le champ des politiques publiques à l’égard de jeunes souffrant de troubles psychiques. Un langage commun suisso-québecois consitués autour de transformations sociétales communes peut effectivement s’identifier : allongement de la transition à l’âge adulte, précarisation du marché de l’emploi et extension du champ de la maladie psychique. Si ces aspects communs génériques seront brièvement discutés, l’accent sera plutôt porté sur les réorientations « communes » des politiques publiques à l’égard de jeunes souffrant de troubles psychiques : montée des principes de réadaptation, d’activation et d’empowerment, processus de désinstitutionnalisation (ou virage ambulatoire québecois), démocratisation de l’action publique et responsabilisation individuelle. La communication s’attelera à la fois à démontrer les apports et les écueils d’un raisonnement en termes de langage commun dans le processus d’enquête. Il s’agira donc aussi de montrer plus largement en quoi le chercheur est confronté à des formes de dilemmes conceptuels et théoriques lors d’une comparaison internationale l’amenant à réfléchir constamment l’équilibre délicat entre usage d’un langage commun et recours à des intonations différentielles. Pour exemplifier ces intonations différentielles, on s’intéressera aux formes de « langages catégoriels » de praticiens suisses gravitant autour de jeunes souffrant de troubles psychiques lorsqu’ils évaluent les capacités à travailler des jeunes et prononcent leur expertise dans le cadre de réseaux de professionnels.Titre :Comment parler du « milieu populaire » dans une approche comparative ?
Résumé : La catégorie du « milieu populaire » est source d’un usage fréquent, aussi bien sur la scène académique, en particulier au sein de la sociologie française, que dans l’espace public. Lorsqu’il s’agit d’analyser leurs comportements et attitudes politiques, les classes populaires sont souvent représentées de façon homogène. Or, bien qu’un certain consensus apparaisse parmi les chercheurs quant à une dotation en capital économique, social et culturel plus faible que le reste de la population (Siblot et al., 2015), les travaux sociologiques soulignent la nécessité de prendre en compte la pluralité des groupes sociaux constituant les classes populaires (Schwartz, 1998 ; Beaud, 2011 ; Peugny, 2015).
Surtout, la catégorie du populaire ne renvoie pas aux mêmes spécificités en fonction du contexte national dans lequel il est mobilisé. Underclass et working class aux États-Unis, marginalidad en Amérique latine, ces ensembles renvoient à des systèmes d’interprétations et des représentations sociales spécifiques n’expliquant pas la même réalité sociologique (Fassin, 1996).
Cette communication se propose de revenir sur l’état du débat concernant la catégorie du populaire et de proposer quelques pistes pour les études ciblant les groupes sociaux défavorisés dans une perspective comparée. Quelles figures du populaire sont représentées dans la littérature anglophone et francophone ? Comment le chercheur francophone peut traduire et restituer fidèlement la réalité sociologique observée et décrite dans des travaux publiés en anglais ? En quoi ces différences de langages ont un impact méthodologique pour l’enquêteur ? Quels décalages entre la notion mobilisée par les chercheurs et son usage dans l’espace public ?