Titre : Entre migration régulière et travail informel : les trajectoires (im)mobiles des péruviens à Sao Paulo
Résumé :
Au cours des dernières années, comprendre les perspectives de mobilité sociale a été un des focus des études concernant les migrations économiques, mais l’attention a été portée fondamentalement sur les conditions matérielles d’incorporation des migrants. Il y a encore peu sur comment les individus interprètent leurs expériences et leurs perspectives de mobilité sociale dans les pays de réception.
Cette communication s’intéresse à la manière dont les migrants péruviens interprètent leurs expériences migratoires et leur mobilité sociale au Brésil. Comment s’imbriquent classe sociale, ethnicité et race dans les parcours d'insertion de ces migrants? Comment ces attributs sont-ils négociés et reconfigurés lors de la migration? La majorité de ces migrants se retrouvent confrontés à une situation paradoxale: ils incarnent un statut migratoire régulier et une situation de précarité économique élevée. Bien qu’ils réussissent facilement à devenir résidents, ils s’insèrent au marché du travail principalement par le secteur informel. Travaillant en tant que vendeurs ambulants, couturiers dans des ateliers informels ou employés par d’autres péruviens sous des régimes de servitude pour dettes, le chemin vers un emploi stable peut prendre des années.
En mobilisant la perspective de l'intersectionnalité, et en nous appuyant sur des observations ethnographiques et une cinquantaine d’entretiens, nous trouvons que, malgré des conditions de travail précaires, des incertitudes et des trajectoires objectivement immobiles, ces migrants perçoivent leurs expériences comme des cas réussis de mobilité sociale grâce à leur capacité à naviguer entre les frontières de systèmes de classification différents.