Titre : Les limites du sans-frontiérisme
Résumé :
Norbert Elias écrivait dans la ‘Société des individus’ : « En tant que sociologue, on ne peut pas se refuser à constater que de nos jours, au lieu des différents Etats, c’est l’humanité toute entière en tant qu’entité sociale divisée en Etats qui sert de cadre à un grand nombre de processus d’évolution et de changements structurels. » (Elias 1998, 217)
La création de l’organisation Médecins Sans Frontières (MSF) en 1971 a marqué un tournant dans l’histoire de l’aide humanitaire internationale en proposant un élan universel de solidarité, qui soit non seulement au-delà des religions, des politiques, mais aussi au-delà des frontières. C’est le point de départ d’un mouvement plus général appelé « sans-frontiérisme », que beaucoup ont repris à leur compte : Reporters, Ingénieurs, Avocats, etc.
A l’origine, il s’agissait pour MSF de se démarquer du Comité International de la Croix-Rouge en joignant la parole à l’acte médical, en promouvant la neutralité politique, et des principes supposés universels, sans devoir nécessairement recevoir l’adoubement des gouvernements en place. (Vallaeys 2004; Davey 2012)
Le mouvement sans-frontiériste, dont MSF reste la référence, est-il aussi sans frontières qu’il le prétend ? Dans quelle mesure l’organisation MSF se départit-elle des frontières aussi bien intellectuelles qu’étatiques ? Quels éléments rhétoriques, quels outils, quels arguments l’organisation et ses porte-paroles utilisent-ils pour dépasser les frontières ? Quelles sont finalement les limites du sans-frontiérisme ?
Bibliographie :
Davey, Eleanor. 2012. « Beyond the ‘French Doctors’: The evolution and interpretation of humanitarian action in France ». HPG Working paper.
Elias, Norbert. 1998. La Société des individus. Pocket.
Vallaeys, Anne. 2004. Médecins sans frontières : La biographie. Paris: Fayard.