Atelier 3 - C
Mon statut pour la session
Quoi:
Workshop
Partie de:
Quand:
13:30, Mardi 13 Juin 2017
(1 heure 30 minutes)
Où:
MISHA (Maison Interuniversitaire des Sciences de l'Homme - Alsace)
- À venir (MISHA)
Présidente de séance : Shirley Roy, Université du Québec à Montréal
Discutant : Claudio Bolzman, Université de Genève
1. MILANI Kholoud – Casablanca
Titre : Les frontières entre la norme religieuse et la pratique sociale : Cas de l’héritage au Maroc
Résumé :
Suite aux transformations sociales, que connait le Maroc, comme l’urbanisation, la scolarisation et le travail des femmes, l’âge moyen du mariage, et le passage de la famille élargie à la famille nucléaire, il y a lieu de recueillir les représentations et les attitudes des acteurs face à l’héritage. Dans le cas de la religion musulmane, l'héritage a longtemps été un sujet tabou, ainsi la plupart des théologiens de par le monde s'abstiennent de toute interprétation, dans des pays où les lois d'héritage restent encadrées par le référent religieux puisque les textes relatifs à ce dernier sont très clairs. Pour le cas du Maroc il y a lieu de savoir comment réagit la société face à ces lois d’héritage issues du Coran ? Et comment les gens ont pu contourner cet aspect de la religion et trouver d’autres solutions, pour permettre à leurs progénitures d’hériter des parts égales de leur patrimoine, principalement quand la répartition du patrimoine est réalisée selon les préceptes du Coran notamment lorsqu’il s’agit de distinguer entre l’homme et la femme ("Au fils, une part équivalente à celle de deux filles" (IV, 11)). Ainsi, nous pouvons affirmer que nous assistons, de par l’enquête que nous avons mené au sein du tribunal de première instance de Casablanca ainsi que les entretiens réalisés avec la population cible, à un dépassement de la ‘’frontière réelle’’à savoir la norme religieuse et juridique, dans la mesure où la pratique sociale relative aux attitudes des acteurs face à l’héritage révèle les limites de ces normes face aux changements sociaux que connait le Maroc. Les attitudes de ces acteurs sont motivées par des choix rationnels et mis en œuvre par des stratégies spécifiques à chaque acteur, conduisant à la transgression d’une norme qui n’est plus adaptée aux changements qu’a connus la famille au Maroc. Ainsi, nous pouvons citer trois catégories d’acteurs, ceux qui dépassent ‘’la frontière symbolique’’reflétant leurs croyances ce qui leur permet dans une deuxième étape de transgresser les frontières réelles manifestées dans la norme religieuse et juridique. La deuxième catégorie d’acteurs sont ceux qui restent prisonniers de leurs croyances et ne peuvent franchir leurs ‘’frontières symboliques’’, ces derniers resteront soumis aux normes et ne transgresseront jamais ‘’les frontières réelles’’. La dernière catégorie d’acteurs, et c’est elle qui retient le plus grand intérêt, représente ceux qui s’attachent à leurs croyances religieuses mais qui essaient, quand-même, de franchir les frontières réelles et transgresser la norme religieuse et juridique mais en veillant, par tous les moyens, à trouver des solutions qui soient conformes à leurs croyances. Ces acteurs restent dans une situation d’attente sur les limites des deux frontières ne pouvant transgresser ni l’une ni l’autre mais continuent à chercher des stratégies permettant de les concilier.
2. BEAULIEU Virginie - UQAM
Titre : Redéfinir les frontières du champ religieux : le développement personnel vu par la sociologie des religions
Résumé : Ma communication porte sur le développement personnel (DP). Je m’intéresse à la façon de conceptualiser ce phénomène social dont l’important foisonnement dans le monde contemporain est un de plus en plus identifié par les chercheurs en sciences sociales. En sociologie, le DP est généralement compris tel un nouveau mode de socialisation, voire une nouvelle forme de régulation des conduites et appréhendé comme le signe d’un malaise culturel. Si le DP est le plus souvent rattaché à un phénomène de culture populaire, j’interroge, dans le cadre de mes recherches doctorales, la thèse voulant que le DP vient, en période contemporaine, remplacer la religion. Bien que cette posture représente la position théorique la plus largement adoptée à l’égard de cet objet, il importe de noter que celle-ci ne fait pas consensus. Une revue de la littérature permet d’observer que le DP est tantôt associé au domaine du « non religieux », tantôt à celui « religieux » ; en effet, plusieurs spécialistes des questions et enjeux liés à la religion effectuent un rapprochement entre DP et religion.
Puisant son intuition dans une étude de terrain réalisée en 2015 auprès du Mouvement raëlien, je suggère que le DP représente une expression des transformations connues par la religion dans le monde contemporain. Par le biais de l’approche en sociologie des religions développée par Thomas Luckmann dans The Invisible Religion (1967), je propose de comprendre le DP telle une « nouvelle forme sociale de religion » qui se manifeste aujourd’hui comme une religion invisible ; c’est-à-dire, une forme qui n’est pas perçue en tant que religion. Cherchant à faire lumière sur le potentiel caractère analogiquement religieux du DP, ma communication expose les nombreux points communs identifiés entre DP et religion contemporaine, et ce, au plan théorique, individuel et social ; ce que je nomme des « passerelles ».
Plus largement, mon exposé – soutenant l’idée que l’émergence du DP est un symptôme de la transformation de la religion dans les sociétés modernes plutôt que de sa disparition – signifie l’importance pour la sociologie des religions de porter son attention sur le DP et de discuter des frontières du religieux contemporain.
Discutant : Claudio Bolzman, Université de Genève
1. MILANI Kholoud – Casablanca
Titre : Les frontières entre la norme religieuse et la pratique sociale : Cas de l’héritage au Maroc
Résumé :
Suite aux transformations sociales, que connait le Maroc, comme l’urbanisation, la scolarisation et le travail des femmes, l’âge moyen du mariage, et le passage de la famille élargie à la famille nucléaire, il y a lieu de recueillir les représentations et les attitudes des acteurs face à l’héritage. Dans le cas de la religion musulmane, l'héritage a longtemps été un sujet tabou, ainsi la plupart des théologiens de par le monde s'abstiennent de toute interprétation, dans des pays où les lois d'héritage restent encadrées par le référent religieux puisque les textes relatifs à ce dernier sont très clairs. Pour le cas du Maroc il y a lieu de savoir comment réagit la société face à ces lois d’héritage issues du Coran ? Et comment les gens ont pu contourner cet aspect de la religion et trouver d’autres solutions, pour permettre à leurs progénitures d’hériter des parts égales de leur patrimoine, principalement quand la répartition du patrimoine est réalisée selon les préceptes du Coran notamment lorsqu’il s’agit de distinguer entre l’homme et la femme ("Au fils, une part équivalente à celle de deux filles" (IV, 11)). Ainsi, nous pouvons affirmer que nous assistons, de par l’enquête que nous avons mené au sein du tribunal de première instance de Casablanca ainsi que les entretiens réalisés avec la population cible, à un dépassement de la ‘’frontière réelle’’à savoir la norme religieuse et juridique, dans la mesure où la pratique sociale relative aux attitudes des acteurs face à l’héritage révèle les limites de ces normes face aux changements sociaux que connait le Maroc. Les attitudes de ces acteurs sont motivées par des choix rationnels et mis en œuvre par des stratégies spécifiques à chaque acteur, conduisant à la transgression d’une norme qui n’est plus adaptée aux changements qu’a connus la famille au Maroc. Ainsi, nous pouvons citer trois catégories d’acteurs, ceux qui dépassent ‘’la frontière symbolique’’reflétant leurs croyances ce qui leur permet dans une deuxième étape de transgresser les frontières réelles manifestées dans la norme religieuse et juridique. La deuxième catégorie d’acteurs sont ceux qui restent prisonniers de leurs croyances et ne peuvent franchir leurs ‘’frontières symboliques’’, ces derniers resteront soumis aux normes et ne transgresseront jamais ‘’les frontières réelles’’. La dernière catégorie d’acteurs, et c’est elle qui retient le plus grand intérêt, représente ceux qui s’attachent à leurs croyances religieuses mais qui essaient, quand-même, de franchir les frontières réelles et transgresser la norme religieuse et juridique mais en veillant, par tous les moyens, à trouver des solutions qui soient conformes à leurs croyances. Ces acteurs restent dans une situation d’attente sur les limites des deux frontières ne pouvant transgresser ni l’une ni l’autre mais continuent à chercher des stratégies permettant de les concilier.
2. BEAULIEU Virginie - UQAM
Titre : Redéfinir les frontières du champ religieux : le développement personnel vu par la sociologie des religions
Résumé : Ma communication porte sur le développement personnel (DP). Je m’intéresse à la façon de conceptualiser ce phénomène social dont l’important foisonnement dans le monde contemporain est un de plus en plus identifié par les chercheurs en sciences sociales. En sociologie, le DP est généralement compris tel un nouveau mode de socialisation, voire une nouvelle forme de régulation des conduites et appréhendé comme le signe d’un malaise culturel. Si le DP est le plus souvent rattaché à un phénomène de culture populaire, j’interroge, dans le cadre de mes recherches doctorales, la thèse voulant que le DP vient, en période contemporaine, remplacer la religion. Bien que cette posture représente la position théorique la plus largement adoptée à l’égard de cet objet, il importe de noter que celle-ci ne fait pas consensus. Une revue de la littérature permet d’observer que le DP est tantôt associé au domaine du « non religieux », tantôt à celui « religieux » ; en effet, plusieurs spécialistes des questions et enjeux liés à la religion effectuent un rapprochement entre DP et religion.
Puisant son intuition dans une étude de terrain réalisée en 2015 auprès du Mouvement raëlien, je suggère que le DP représente une expression des transformations connues par la religion dans le monde contemporain. Par le biais de l’approche en sociologie des religions développée par Thomas Luckmann dans The Invisible Religion (1967), je propose de comprendre le DP telle une « nouvelle forme sociale de religion » qui se manifeste aujourd’hui comme une religion invisible ; c’est-à-dire, une forme qui n’est pas perçue en tant que religion. Cherchant à faire lumière sur le potentiel caractère analogiquement religieux du DP, ma communication expose les nombreux points communs identifiés entre DP et religion contemporaine, et ce, au plan théorique, individuel et social ; ce que je nomme des « passerelles ».
Plus largement, mon exposé – soutenant l’idée que l’émergence du DP est un symptôme de la transformation de la religion dans les sociétés modernes plutôt que de sa disparition – signifie l’importance pour la sociologie des religions de porter son attention sur le DP et de discuter des frontières du religieux contemporain.