Atelier 4 - C
Mon statut pour la session
Discutante : Laurence Simmat-Durand, Paris V
1. JEAN-FRANÇOIS Flore - Antilles
Titre : Des frontières perméables en droit de l’environnement : une pluridisciplinarité tant nécessaire qu’enrichissante
Résumé :
À une heure où la Guadeloupe, comme de nombreuses régions du monde, se préoccupe de l’environnement notamment en raison de ses conséquences sur le climat, il importe de s’interroger sur la responsabilité environnementale se révélant au cœur de plusieurs disciplines, comme pour s’en enrichir et mieux dépasser leurs cloisons respectives, sans pour autant annuler leurs difficultés ou celles résultant de ladite interdisciplinarité.
Cette réflexion qui se veut critique et objective, emprunte au droit privé, mais parfois au droit public, ou à des règlementations autonomes, et bien entendu, au droit de l’environnement, lui-même considéré comme mixte ou « droit-carrefour », en ce qu’il se situe à la frontière entre plusieurs disciplines.
L’exemple du secteur agroalimentaire, particulièrement rassembleur, démontre et illustre l’interdisciplinarité en droit de l’environnement, à l’instar des pollutions ignorant les frontières et les conflits de toutes natures : il fait irrésistiblement converger plusieurs disciplines et thématiques, en même temps qu’il les alimente. Il s’agit de sciences exactes, sociales, ou humaines, venant s’ajouter aux disciplines juridiques.
Enfin, la superposition des frontières ressort aussi de l’assiette géographique principale retenue : il faut tenir compte des contraintes inhérentes à ses spécificités, et des possibles répercussions juridiques de celles-ci — son insularité —, comme du fait qu’elle est à la fois caribéenne et européenne, selon l’approche choisie.
2. GOUZOUAZI Johanna - Unistra
Titre : Ingénierie climatique en discours : représentations des échelles de temps et d'espace dans les rapports et articles scientifiques
Résumé :
Nous nous proposons d'interroger quel monde les discours de l'intervention climatique cherchent à légitimer et à construire, et plus particulièrement en ce qui concerne l'appréhension des échelles de temps et d'espace. Nous considérons ainsi que parler des potentialités technologiques modélisatrices du monde futur revient à fabriquer déjà une définition du monde présent, en proie à la catastrophe climatique. Nous approchons cela par une analyse qualitative des discours, portant sur un corpus formé d'articles scientifiques et de rapports experts écrits à destination des décideurs politiques (rapports du Groupement Intergouvernemental d'experts sur l’Évolution du Climat, rapports émis par la Royal Society). Nous apporterons une attention particulière au changement climatique comme objet politique, social et scientifique capable de mobiliser les données du passé et du présent afin de permettre une projection dans le futur (Dörries, 2015).
Les articles parus depuis 2006 sur l'ingénierie climatique développent différentes façons de parler et métaphores du recours à l'intervention sur le climat ainsi que de la planète (ou du système Terre) comme un tout (Nerlich & Jaspal, 2012). Qu'il s'agisse de rapports modérés ou prudents rédigés par des comités d'experts, d'articles écrits par des défenseurs du recours à la géo-ingénierie (le chimiste et Prix Nobel Paul Crutzen, par exemple) ou de détracteurs (tel qu'Alan Robock, en sciences atmosphériques), il est intéressant d'interroger les images qu'ils évoquent afin de comprendre les échéances et visions du monde, de la catastrophe ou de l'urgence qu'ils souhaitent susciter. Il nous paraît indispensable de ne pas laisser le débat dans le seul registre technique, mais de le décloisonner à l'aide de méthodologies issues des sciences sociales afin d'interroger les tentatives de production de nouveaux ordres symboliques (Gusfield (1981), 2009) visant à justifier de futures gouvernances du climat tout en discutant les politiques actuelles.