Conférence de Claudio Bolzman, Université de Genève, sur « Les relations transnationales : le cas des immigrés retraités »
Mon statut pour la session
Quoi:
Talk
Quand:
9:00, Mardi 13 Juin 2017
(1 heure)
Pauses:
Pause 10:00 AM à 10:30 AM (30 minutes)
Où:
MISHA (Maison Interuniversitaire des Sciences de l'Homme - Alsace)
- À venir (MISHA)
Pr. Claudio BOLZMAN, Haute-École Sociale du Sud-Ouest (HES-SO) et Université de Genève
Résumé
Selon la perspective transnationale, les vies d’un nombre croissant de personnes, notamment des migrants, sont organisées à travers les frontières. Ils créent leurs propres espaces sociaux qui ne correspondent pas aux espaces de vie définis par les institutions étatiques. Ils vivent ainsi ici et là-bas, de manière simultanée (Brenner, 1999). Leur double présence peut être virtuelle (à distance, en utilisant les nouvelles technologies) ou physique (à travers la mobilité géographique). De nombreuses études montrent que les migrants forment des communautés transnationales, vivant des vies mobiles par-delà les frontières, que ce soit sur les plans économique, social, culturel ou politique (Guarnizo, 1994 ; Portes, 1999). Cependant, ces formes de transnationalisme ont été particulièrement associées à des adultes économiquement actifs. Le transnationalisme des retraités a été moins analysé et, quand c’est le cas, il se focalise principalement sur les migrations dites de « qualité de vie », du nord vers le sud de l’Europe (Casado-Diaz et al., 2004 ; Huber et O’Reilly, 2004). Les modes de vie transnationaux ont plus rarement été analysés chez les anciens travailleurs immigrés des pays du Sud, qui ont été employés comme ouvriers dans les sociétés d’Europe du Nord, ou chez les réfugiés originaires des pays du Sud qui ont trouvé asile en Europe.
À partir d’une perspective qui articule parcours de vie et dimension transnationale, nous nous focalisons sur les modes de vie élaborés par des migrants après la retraite. Cette dernière peut être considérée comme un événement normatif (il est prévu socialement que les individus cessent de travailler à un certain âge) ayant un impact important sur les trajectoires de vie individuelles. Dans le cas des migrants, elle peut être considérée comme une occasion de consolider ou de développer un mode de vie transnational. Les migrants ont de nombreuses incitations à développer ce mode de vie à travers les frontières, en raison de la présence de membres de leur famille au pays d’origine, mais aussi d’investissements économiques ou affectifs dans celui de résidence.
Nous analysons dans quelles conditions la « dualité des ressources et de références » (Bolzman et al., 2006 et 2016), observées dans de nombreuses études sur les immigrants de première génération, représente un atout potentiel pour une vie transnationale après la retraite. Nous utilisons l’expression « dualité des ressources » pour décrire la façon dont le système de ressources des immigrants de première génération se situe à la fois dans la société d'origine et dans la société de résidence des migrants, en ce qui concerne les biens économiques et les réseaux familiaux, ou des relations sociales plus larges. « Dualité de références » évoque des attachements culturels et symboliques qui sont également partagés, entre au moins deux pays.
Notre présentation se fonde sur plusieurs recherches empiriques menées par notre équipe sur des populations de retraités séjournant, ou ayant séjourné, en Suisse : des migrants espagnols, italiens et portugais) ; des migrants africains et latino-américains ; des migrants roumains et albanais.
Notice biographique
Claudio Bolzman est Professeur à la Haute École de Travail social de Genève, spécialiste de la sociologie des processus migratoires. Il conduit différents projets de recherche sur les enjeux migratoires, notamment l’intégration de la « deuxième génération » de migrants en Suisse en se concentrant sur la relation entre les parcours de vie et la vulnérabilité au moment de la transition de la jeunesse à l’âge adulte, ou les trajectoires et conditions de vie des migrants âgés. Il a récemment publié, avec Giacomo Vagni, “Forms of care among native Swiss and older migrants from Southern Europe : a comparison”, Journal of ethnic and migration studies, 2016 ; et “Précarité juridique et précarité socio-économique : le cas des personnes admises provisoirement dans le cadre de l'asile”, Pensée plurielle, 42, 2016, p. 55-66.
Résumé
Selon la perspective transnationale, les vies d’un nombre croissant de personnes, notamment des migrants, sont organisées à travers les frontières. Ils créent leurs propres espaces sociaux qui ne correspondent pas aux espaces de vie définis par les institutions étatiques. Ils vivent ainsi ici et là-bas, de manière simultanée (Brenner, 1999). Leur double présence peut être virtuelle (à distance, en utilisant les nouvelles technologies) ou physique (à travers la mobilité géographique). De nombreuses études montrent que les migrants forment des communautés transnationales, vivant des vies mobiles par-delà les frontières, que ce soit sur les plans économique, social, culturel ou politique (Guarnizo, 1994 ; Portes, 1999). Cependant, ces formes de transnationalisme ont été particulièrement associées à des adultes économiquement actifs. Le transnationalisme des retraités a été moins analysé et, quand c’est le cas, il se focalise principalement sur les migrations dites de « qualité de vie », du nord vers le sud de l’Europe (Casado-Diaz et al., 2004 ; Huber et O’Reilly, 2004). Les modes de vie transnationaux ont plus rarement été analysés chez les anciens travailleurs immigrés des pays du Sud, qui ont été employés comme ouvriers dans les sociétés d’Europe du Nord, ou chez les réfugiés originaires des pays du Sud qui ont trouvé asile en Europe.
À partir d’une perspective qui articule parcours de vie et dimension transnationale, nous nous focalisons sur les modes de vie élaborés par des migrants après la retraite. Cette dernière peut être considérée comme un événement normatif (il est prévu socialement que les individus cessent de travailler à un certain âge) ayant un impact important sur les trajectoires de vie individuelles. Dans le cas des migrants, elle peut être considérée comme une occasion de consolider ou de développer un mode de vie transnational. Les migrants ont de nombreuses incitations à développer ce mode de vie à travers les frontières, en raison de la présence de membres de leur famille au pays d’origine, mais aussi d’investissements économiques ou affectifs dans celui de résidence.
Nous analysons dans quelles conditions la « dualité des ressources et de références » (Bolzman et al., 2006 et 2016), observées dans de nombreuses études sur les immigrants de première génération, représente un atout potentiel pour une vie transnationale après la retraite. Nous utilisons l’expression « dualité des ressources » pour décrire la façon dont le système de ressources des immigrants de première génération se situe à la fois dans la société d'origine et dans la société de résidence des migrants, en ce qui concerne les biens économiques et les réseaux familiaux, ou des relations sociales plus larges. « Dualité de références » évoque des attachements culturels et symboliques qui sont également partagés, entre au moins deux pays.
Notre présentation se fonde sur plusieurs recherches empiriques menées par notre équipe sur des populations de retraités séjournant, ou ayant séjourné, en Suisse : des migrants espagnols, italiens et portugais) ; des migrants africains et latino-américains ; des migrants roumains et albanais.
Notice biographique
Claudio Bolzman est Professeur à la Haute École de Travail social de Genève, spécialiste de la sociologie des processus migratoires. Il conduit différents projets de recherche sur les enjeux migratoires, notamment l’intégration de la « deuxième génération » de migrants en Suisse en se concentrant sur la relation entre les parcours de vie et la vulnérabilité au moment de la transition de la jeunesse à l’âge adulte, ou les trajectoires et conditions de vie des migrants âgés. Il a récemment publié, avec Giacomo Vagni, “Forms of care among native Swiss and older migrants from Southern Europe : a comparison”, Journal of ethnic and migration studies, 2016 ; et “Précarité juridique et précarité socio-économique : le cas des personnes admises provisoirement dans le cadre de l'asile”, Pensée plurielle, 42, 2016, p. 55-66.