Gino Vlavonou est doctorant à l’École d’Études Politiques de l’Université d’Ottawa. Sa recherche porte sur les revendications identitaire dans la guerre en République Centrafricaine. Il a précédemment travaillé comme chercheur boursier avec l’Institut d’Études de Sécurité (ISS). Ses travaux ont été publié dans: Revue Tiers Monde, Glocalism, African Security Review.
Titre de la communication : Positionnalité, intersectionalité et dilemmes éthique lors de la recherche terrain : notes depuis la centrafrique
Résumé : Il existe de nombreux travaux sur les défis de la recherche terrain. Cette communication s’attarde sur les défis de la recherche terrain en milieu difficile et plus particulièrement en situation de guerre civile. À l’issue d’une recherche terrain de cinq mois en République Centrafricaine au courant printemps/été/automne 2017, cette présentation analyse les défis liés à l’auto-identification du chercheur ainsi qu’aux fréquentes erreurs d’identité et incompréhension qui y sont liés. Il s’agit donc d’une discussion réflexive des questions éthiques et méthodologiques par rapport à ma recherche de terrain en République Centrafricaine. Il s’agit également d’aborder les implications méthodologiques pour la recherche menée par des chercheurs africains basés en occident.
La communication explore les multiples identités qui se déploient, s’entrecoupent et se renforcent mutuellement. Le chercheur est obligé de mettre en avant différentes facettes pour se faire valoir et être considéré comme légitime auprès de ses interlocuteurs. Malgré les défis du terrain, il s’avère que la catégorie fonctionnelle ‘étudiant’ qui semble être un atout dans d’autres situations s’est révélée être un obstacle dans cette recherche. À travers le concept d’intersectionnalité, ce travail remet en question l’idée suivant laquelle être chercheur africain en Afrique confère une position privilégiée (insider), un peu comme un initié.
En même temps, le chercheur n'est pas non plus complètement un étranger (outsider). En tant qu’étudiant chercheur d’origine africaine dans une université nord-américaine, les différentes informations que j’ai recueillies à travers le terrain de recherche ont été dépendantes de ma capacité à jouer sur plusieurs identités (fonctionnelles et/ou de circonstances). Dans le cas de cette présentation, successivement, être perçu comme jeune, étudiant, béninois, africain évoluant au Canada a simultanément ouvert et fermé des portes d’entrée dans le cercle fermé des élites de Bangui. Ma position d’étudiant me mettait généralement dans la catégorie des ‘ignorables’, personnes à ne pas considérer au détriment de tout autre aspect perceptible de mon identité.