Ekaterina Pereprosova
Après avoir terminé des études de linguistique à l’Université Pédagogique d’Etat de Moscou, j’ai poursuivi mes études en sociologie d’abord au Collège Universitaire Français de Moscou, puis à l’École Normale Supérieure (ENS) au niveau de Master. Pendant mes deux années de Master, j’ai étudié des questions liées à l’autonomie professionnelle des médecins dans les décisions de fin de vie (Master I) ainsi que les mécanismes de la construction des liens de parenté dans le cas de l’adoption nationale et internationale en France (Master II). Ma troisième année d’études à l’ENS m’a amenée à rejoindre l’équipe du CERLIS (Université Paris Descartes) pour le doctorat. Ma thèse porte sur les politiques sociales de prévention de l’abandon d’enfants en Russie et sur les effets socialisateurs de l’institution sur les enfants dans le contexte de transformation des orphelinats à la suite des nouvelles réformes économiques et sociales des années 2000.
Communication
"Pour chaque enfant adoptable une « bonne » famille adoptive : les catégories institutionnelles mises à l’épreuve de la pratique"
La pratique de l’adoption internationale et, en
partie, nationale est régie par la Convention de la Haye dont les principes dénoncent
la possibilité du « choix » de l’adopté par les adoptants comme
renvoyant au trafic d’enfants, en introduisant par ainsi l’impératif de
satisfaire l’intérêt supérieur de l’enfant. C’est la famille qui est sélectionnée
pour un enfant particulier et pas l’inverse. C’est ainsi qu’il est nécessaire d’analyser
les manières dont les catégories de l'adoption sont appropriées et transformées par des
acteurs sociaux spécifiques, les agents d’Etat en charge de l’adoption. Notamment, il s’agit de la notion de l’intérêt
de l’enfant ainsi que de son interprétation par les acteurs institutionnels
qui, en tant qu’entrepreneurs de morale (Becker, 1985) dotés d’un mandat de
protection de l’enfance, tendent à agir sur les différentes étapes de l’adoption selon leurs représentations de la
bonne famille adoptive, sur les caractéristiques des parents et des enfants
adoptifs. Cela engendre de nombreuses inégalités liées au genre, à la sexualité, à la race, à la santé et à l’origine sociale.
Cette articulation des représentations institutionnelles avec les trajectoires
et les origines sociales des agents d’Etat sera développée entre autres dans
cette communication.