Chantal NDAMI, Doctorante en Histoire de l’Afrique
contemporaine, Université Paris 7 Diderot, France.
Communication : "La production de la connaissance
sur le travail des femmes en agriculture à l’époque coloniale: Entre
représentations coloniales et expériences des femmes"
Les
chercheur(e)s qui s’intéressent à l’histoire contemporaine des femmes et du
genre en Afrique sont confronté(e)s à un problème majeur : celui des
sources. Les archives coloniales reflètent la réalité d’une société coloniale
où les femmes sont en général perçues sous le seul prisme de leur rôle
reproductif. Pour ce qui concerne le travail agricole des femmes, ces
représentations sont biaisées par une approche qui considère le travail de
production agricole comme essentiellement masculin. L’exploitation des archives
coloniales sur les questions d’agriculture au Cameroun donne ainsi une image
assez éloignée de la réalité des sociétés où ce travail est au contraire une
entreprise d’abord féminine liée à la fonction reproductive des femmes. C’est
que la colonisation n’a voulu retenir que le rôle de reproduction des femmes,
niant ainsi et dévalorisant leur apport dans l’équilibre de leurs sociétés.
Cette
communication analyse la manière donc la politique agricole coloniale, élaborée
dans une perspective exclusivement androcentriste s’est heurtée à la résistance
acharnée des agricultrices qui cherchaient à faire reconnaître leurs
prérogatives en matière de gestion des ressources productives, en particulier
la terre. Les formes de cette résistance en l’absence des sources
administratives écrites, ne peuvent être documentées qu’à travers la parole des
concernées. Le recueil de cette parole et leur analyse est de ce fait un enjeu
important pour la connaissance dans le champ de l’histoire des femmes en
agriculture au Cameroun.