Maxime Duviauest doctorant en sociologie à l’Université de Strasbourg. Il travaille sur les problématiques liées aux représentations de la conduite automobile des jeunes conducteurs. Ila travaillé sur les salles d’accueil pour usagers de stupéfiants et sur la solitude adolescente.Plus largement, ses thématiques de recherche portent sur les conduites à risque juvéniles.

Communication "Réfléchir le terme : définitions et redéfinitions"

Les sciences sociales doivent leur existence et leur pérennité au langage. Il est le fondement et la limite de la réflexion, et érige le concept par un travail de réflexivité individuel et collectif. Pourtant, malgré l’omniprésence de l’expression linguistique dans les différents mondes sociaux contemporains, en sciences sociales les acceptions des termes sont flexibles, puisqu’en mouvement, en constant réajustement. En effet, la problématisation d’un objet de recherche ouvre le regard sur un objet a priori collectivement accepté.

A travers l’exemple de la conduite automobile chez les jeunes, cette communication vise à explorer le travail de déconstruction et de réaménagement d’un terme et donc d’un concept, d’une pensée. Un travail sur les comportements routiers doit sa complexité à la définition du « mouvement » ; l’objectif étant une saisie des significations que les jeunes accordent au « déplacement ». Avant même de s’interroger sur les causes de basculement – comme les dépassements de limitations de vitesse, l’alcoolisation au volant, bref, les conduites à risque – il convient de s’accorder sur une définition de la vitesse, de l’accélération, et de son corolaire indissociable, la lenteur, du rythme. Conformément à l’un des préceptes de Becker dans ses Ficelles du métier, l’on déconstruit le phénomène pour l’apprécier dans son entièreté. En tant que chercheur, la phase de réflexion sur le vocabulaire, le jargon, le dialecte, est ainsi ponctuée d’ajustements pour saisir et transcrire le plus finement possible le phénomène.

La définition des termes se montre telle une étape aussi complexe qu’indispensable, puisque s’associent l’exigence de la rigueur et la précision du travail de chercheur, et la nécessité de prendre appui sur la signification que l’acteur accorde au mot. Ici donc, la réflexion s’orientera autour de ce filigrane du travail de recherche en sociologie et en anthropologie : le langage.