Atelier 1 - B

1. Mathieu Samson-Savage, Université d'Ottawa

Titre : Le coeur ouvert et l'esprit critique : Les enjeux méthodologiques liés à l'étude de récits de participants issus de milieux défavorisés.

Résumé : Les personnes issues de milieux défavorisés sont couramment victimes de violence symbolique. Elles sont victimes de jugements et de discriminations, et ont des parcours remplis de défaites. Au cours de cette présentation, j'offrirai des réflexions sur les rapports de pouvoir qui s'exercent lorsque la recherche porte sur les réalités vécues par des personnes issues de milieux moins favorisés. Quel est l'impact de cette violence sur le processus de recherche? Le chercheur, éduqué et issu d'un milieu confortable, est-il capable de réellement comprendre ces réalités? Les questions du chercheur contribuent-elles à la violence qui s'acharne sur les participants? Cette relation a-t-elle un impact sur leurs propos? S'agit-il de discrimination de croire qu’un participant pourrait changer son discours lorsqu'il parle à quelqu'un de plus aisé? Quelle place occupe la compassion dans le processus de recherche? Ces questions et plusieurs autres serviront de point de départ pour des réflexions sur le processus de recrutement, la collecte de données, et la production du savoir en recherche qualitative.

2. Klitsch Arthur - Université de Mons

Titre : Co-construction, médiations et circulation de savoirs : la question de l’adresse dans la recherche scientifique

Résumé : Ce projet de communication se propose d’interroger le processus de recherche en sciences sociales dans les rapports entretenus avec son terrain d’enquête – et les acteurs qui le constituent – par le chercheur-observateur dès lors que celui-ci admet que les résultats et leur réception sont le fruit d’une dynamique relationnelle couplée d’épreuves de traduction (Audoux & Gillet, 2011). Soit, que la construction et la circulation des connaissances dépendent nécessairement de médiations au sens pragmatiste (Hennion, 2013). Médiations constituées, au regard de notre propre terrain d’étude qu’est le mouvement des initiatives de transition, d’épreuves de traduction dont l’enjeu est double. Il s’agit pour le chercheur-observateur d’arrimer les connaissances produites avec et sur les acteurs à l’écologie de son terrain d’une part et, d’autre part, aux prises qu’il se donne au sein du milieu scientifique pour faire déborder la situation étudiée et en faire co-émerger des connaissances nouvelles. Ces opérations de traduction peuvent, selon nous, être comprises comme médiations et nous permettre de poser sur des bases fécondes la question de l’adresse dans la recherche scientifique. Entre les différentes scènes où le chercheur est tenu d’évoluer et de discourir, les procédures d’évaluation et de validation peuvent varier. La question se pose alors en termes d’enjeux de restitution, diffusion et circulation des connaissances sur ces différentes scènes : le chercheur, faisant enquête, tente de permettre la composition des hétérogénéités (en termes de savoirs et de pouvoirs) et la co-émergence de possibles dans la transformation de la situation étudiée et/ou de sa compréhension possible. L’engagement épistémologique comme « politique du terrain » (Olivier de Sardan, 1995) revient, dans cette visée, à mettre la production de savoirs scientifiques aux prises avec les expériences du monde que font les milieux étudiés pour fabriquer et transformer le terrain avec les acteurs plutôt qu’en extraire des vérités scientifiques à leur sujet, et presque à leur insu.

Bibliographie : 

Audoux, C. et Gillet, A., « Recherche partenariale et co-construction de savoirs entre chercheurs et acteurs : l’épreuve de la traduction », in Revue Interventions économiques, 43, 2011.

Hennion, A., « D’une sociologie de la médiation à une pragmatique des attachements », in SociologieS, 2013.

Olivier de Sardan, J.-P., « La politique du terrain », in Enquête, 1, 1995.