1. Msakni Faten - Université de Sfax et Université d'Aix-Marseille 

Titre : Enquêter sur la prostitution au sein de l’ATL MST/Sida : Retour réflexif sur un travail de terrain 

Résumé : Nous avons choisi la ville de Sfax comme terrain d’étude. Contrairement à d’autres régions de la Tunisie, cette ville jouit d’un certain conservatisme. Par ailleurs, et c’est là la raison essentiellement, le choix de ce terrain vient de la présence d’un projet de lutte contre le VIH dans les milieux prostitutionnels clandestins (projet piloté par le Fond mondial et réalisé par l’Association tunisienne de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles et le sida). Les premiers rendez-vous avec les prostituées nous ont permis de nous familiariser avec le monde de la prostitution clandestine dans la ville de Sfax, de tisser des liens avec les prostituées clandestines et de visiter de nombreux sites de prostitution dans différents boulevards de la ville. Le travail de terrain s’enrichit aussi de récits de vie – réalisés d’une part, de proche en proche avec la prostituée avec qui nous avons noué des liens amicaux et par le biais du proxénète – qui bénéficie d’un réseau assez large. Nous utilisons d’autre part les informateurs-relais appartenant à l’Association Tunisienne de lutte contre les MST/Sida et principalement le gérant et l’éducatrice paire qui possèdent une liste des noms des prostituées adhérentes à l’association. Pour répondre à nos objectifs de recherche, nous avons choisi une méthodologie mixte qui combine des données qualitatives et quantitatives. La méthode qualitative nous permet d’approfondir un phénomène encore marginal, tandis que la méthode quantitative présentée dans des enquêtes menées par l’Association tunisienne de lutte contre les maladies sexuellement transmissible et le sida contribue à présenter les liens entre certaines variables. Notre communication va être focalisée sur la présentation d’une expérience de terrain appuyée par des acteurs facilitateurs et essentiellement par une association de la société civile. 

2. Auréline Cardoso - Université Toulouse II Jean Jaurès

Titre :  De la restitution à l’action par et pour les enquêtées : une expérience d’engagement ethnographique

Résumé : Comment rendre compte de sa recherche, lorsque celle-ci est susceptible de soulever des enjeux de pouvoirs au sein du groupe enquêté ? Comment la recherche peut-elle « servir » aux enquêtées ? C’est autour de ces questions que s’articule cette communication, basée sur une expérience de restitution auprès des professionnelles et bénévoles d’un Planning Familial, où des observations ont été réalisées dans le cadre d’une thèse portant sur les phénomènes d’usure au travail au sein des associations féministes.

Dans ce Planning Familial, les quatre salariées présentes au moment des observations expriment, à divers degrés, un sentiment d’usure au travail. Celui-ci est en partie mis en lien avec les transformations du travail, qui sont parfois imposées par le collectif employeur, incarné par un conseil d’administration bénévole, composé principalement d’enseignantes retraitées. Dans ce contexte, le temps de restitution des observations a été l’occasion de tirer les fils des divergences de points de vue entre salariées et administratrices, notamment en les reliant aux enjeux propres aux statuts respectifs des unes et des autres. Au-delà de la restitution, l’organisation puis la co-animation d’un temps de formation à la fonction employeur, pour les membres du conseil d’administration, a permis de continuer à « rendre utile » la recherche, en ce que celle-ci a servi de base notamment pour identifier les rapports de pouvoir en jeu au sein de la structure.