Yvan Simard, Samuel Giard, Nathalie Roy, Florian Aulanier, Véronique Lesage 

La distribution spatio-temporelle du béluga de l’Estuaire du Saint-Laurent (ESL) est examinée en continu de juin 2018 à octobre 2021 à l’aide d’un réseau de 13 stations de surveillance par acoustique passive (PAM). Un indice d’occurrence des sons de communication des bélugas, corrélé au nombre de bélugas, est employé comme proxy de l’utilisation de l’habitat par la population aux échelles hebdomadaire, mensuelle et annuelle. Le patron saisonnier de distribution le long de l’axe amont-aval de l’ESL s’est  répété annuellement. En été, l’habitat du béluga était confiné à un segment de 150 km de l’ESL, avec les occurrences les plus fortes autour des 20 km centraux, comprenant la tête du chenal Laurentien et l’embouchure du fjord du Saguenay. Cette répartition s’est graduellement déplacée en automne vers l’aval de l’ESL et le nord-ouest du Golfe. Les occurrences de bélugas étaient faibles ou inexistantes dans le secteur amont en hiver jusqu’au retour printanier où elles y sont alors maximales. À l’embouchure de la baie Sainte-Marguerite, à 25 km en amont dans le fjord du Saguenay, les occurrences ont été essentiellement limitées à la période de juin à octobre. Ce patron de distribution pluriannuel établit une première référence synoptique de la dynamique continue de l’utilisation de l’habitat tout au long de l’année par la population de bélugas de l’ESL. Il contribuera à mieux prendre en compte la variabilité spatiale et temporelle dans l’évaluation et la mitigation des menaces anthropiques à cette population en voie de disparition, notamment celles liées au bruit de la navigation. Il fournit également une piste pour optimiser la précision des évaluations occasionnelles de la taille de la population par relevés aériens et suivre régulièrement son évolution en combinant avec une surveillance PAM continue.