Défis méthodologiques, analytiques et statistiques liés à l’estimation des taux de gestation dans la population de béluga de l’estuaire du Saint-Laurent.
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Limoilou-Amélie Renaud, Xavier Bordeleau, Nicholas M. Kellar, Gabriel Pigeon, Robert Michaud, Yves Morin, Stéphane Lair, Ariane Thérien, Véronique Lesage
On observe depuis 2010 une forte mortalité néonatale et des femelles parturientes, ce qui suggère des problèmes de recrutement chez le béluga du Saint-Laurent. Afin de déterminer si le taux de gestation est normal chez cette population, nous avons échantillonné par biopsie 65 femelles entre 2013 et 2016. Notre capacité à déterminer avec exactitude les probabilités qu’une femelle soit gestante a été estimée en comparant les concentrations de progestérone dans le lard de 62 bélugas de sexe et statut reproducteur connus ayant été trouvés morts entre 1997 et 2019. La fiabilité de ces seuils de détection pour les populations sauvages a été estimée en utilisant trois approches statistiques [modèles de mixture, régression logistique, seuil fixe (ici, 100 ng g-1)] et deux ensembles de données (135 carcasses fraîchement récoltées au Nunavik, et notre échantillon de 65 bélugas du Saint-Laurent échantillonnés par biopsie). Les concentrations de progestérone dans les carcasses en décomposition étaient considérablement plus élevées chez les femelles gestantes (moyenne ± écart-type: 365 ± 244 ng g-1 de tissu) que chez les femelles au repos (3,1 ± 4,5 ng g-1 de tissu) ou en lactation (38,4 ± 100 ng g-1 de tissu), confirmant l’utilité de l’indicateur de gestation ciblé. Le modèle de mixture, qui a le bénéfice majeur de nécessiter très peu des connaissances a priori pour regrouper les individus de statut reproducteur inconnu, s’est avéré très performant pour distinguer les femelles gestantes des femelles non-gestantes. Nos résultats soulignent l'importance de rapporter les contenus lipidiques et concentrations de progestérone par g de tissu et g de lipide lorsque la masse de l'échantillon est faible et que la teneur en lipides de l’échantillon est inférieure à 10 %. Cette étude suggère un taux de gestation chez la population sauvage du Saint-Laurent légèrement supérieur (35,7%) à celui attendu d’une population avec un cycle reproducteur de 3 ans (33%). Elle met aussi en évidence l’importance et les défis de représenter tous les segments d’une population lors de l’échantillonnage.